Un entretien avec Philippe Descola et Christophe Bonneuil, extrait du grand direct Good Cop Bad Cop depuis la ZAC de Coalition Climat, jeudi 10 décembre.
Philippe Descola, anthropologue, étudie les relations à l’environnement des Achouars de haute Amazonie et s’est consacré à l’étude du dualisme Nature/Culture, les relations entre humains et le « monde non humain ». Ce « monde non-humain » est constitué de tout ce avec quoi les humains sont en interaction constante, c’est à-dire les plantes, les animaux, les virus, le CO2 de l‘atmosphère, l’air que nous respirons, le gibier que nous chassons. Figure de proue de l’anthropologie, Philippe Descola enseigne au Collège de France.
Christophe Bonneuil est historien des sciences il est notamment l’auteur avec Jean-Baptiste Fressoz de l’ouvrage L’évènement anthropocène publié aux éditions du Seuil.
Les négocations politiques de la COP21 font l’objet des nombreuses controverses et d’antagonismes de la part de la société civile française et internationale extrêmement mobilisées autour de cette conférence. Quel est le sentiment de Philippe Descola face à cette évènement majeur et des controverses qu’il suscite?
L’amazonoie n’est pas une forêt vierge ! Philippe Descola nous explique les relations entre l’homme et son milieu, qu’il ait été chasseur-cueilleur ou pollueur industriel. Quelle différence entre l’anthropisation et l’anthropocène ? Pourquoi différencier nature et culture ?
Constinuités et discontinuités entre l’humain et le non-humain (Descola) ; Une nouvelle ère géologique : l’anthropocène (Bonneuil)
Dans cet entretien, Descola aborde la question de l’animisme. L’animisme c’est quoi ? C’est l’inverse du naturalisme, selon l’anthropologue. En clair, l’animisme peut-être « défini comme un « mode d’identification », c’est-à-dire une façon de concevoir la relation entre soi et l’autre ».
Concrètement ? L’Homme insulte sa voiture ou son ordinateur lorsqu’ils tombent en panne. Comme s’ils pouvaient l’entendre ou lui répondre. Ainsi, l’animisme expliquerait que chaque forme d’existence (pas forcément des espèces vivantes donc) possède un corps, c’est-à-dire des caractéristiques qui donnent accès à un monde particulier. « Le monde d’un poisson n’est pas le monde d’un oiseau », appuie Descola. Clairement, c’est l’inverse de notre façon de voir.
Pour aller plus loin, on vous invite à visualiser cet entretien vidéo : comment les civilisations distinguent-elles humains et non-humains ? A noter également cet entretien chez Sciences Humaines avec Philippe Descola datant de 2012, sur l’animisme et sa distinction du fait religieux.
Quant à l’historien des sciences Christophe Bonneuil, son travail s’attarde sur la (fausse) promesse d’une croissance indéfinie. L’entretien donné ici plonge le nez dans ce qu’on appelle l’anthropocène. Une exploitation des ressources fossiles qui a provoqué l’avènement d’une nouvelle ère géologique.
Droit des écosystèmes. Les modernisateurs contre les terriens.
Descola est interrogé sur l’idée de transgression des hommes et des civilisations dans le rapport avec son milieu naturel. Sur l’histoire récente des peuples amérindiens, Philippe Descola répond à l’idée que les civilisations et les hommes se positionnent de manière transgressive lorsqu’ils répondent aux logiques de marché. Au sens anthropologique, transformer des biens de subsistance en marchandise est un phénomène singulier. C’est pourtant notre quotidien.
Les phénomènes d’appropriation de la Nature amène l’historien des sciences Christophe Bonneuil à l’idée d’une destruction des milieux et des écosystèmes comme non substituante. L’espèce humaine étant une force géologique, « à l’heure de l’anthropocène, on a besoin de reconstruire un droit pour la terre et les peuples qui l’habitent », affirme Bonneuil.
Entretien : Emmanuel Moreira
Retrouvez d’autres émissions et entretiens sur le média Good Cop Bad Cop 21, réalisé avec les Radios Campus.
L’intégralité de l’émission :
Philippe Descola, anthropologue, professeur au Collège de France
Christophe Bonneuil, chargé de recherche au CNRS, au Centre Alexandre Koyré, il s’intéresse aux transformations conjointes des savoirs biologiques et des formes de gouvernement de la nature et de l’agriculture
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