En conversation avec Martin Page et Samuel Jan, pour évoquer leur travail et leur projet de livre numérique « Emma et la nouvelle civilisation« .
Quand les mathématiques et le code croisent l’écriture : un regard sur le monde à la fois doux et politique…
L’histoire met en scène une vieille femme en prise avec les difficultés de son âge.
Tout est une lutte. Elle est touchée par des maladies, elle prend des médicaments.
Elle va souvent au cimetière pour assister à l’enterrement d’amis. Le passé est plus présent que le présent. Sa mémoire se détériore.
Mais tout n’est pas triste.
Elle refuse que son âge soit une tragédie.
C’est simplement un changement de civilisation, se dit-elle.
Ce qu’on pourrait prendre pour des dégradations sont en fait des nouveautés.
Et elle compte bien apprendre à utiliser sa vieillesse.
Son passé est plus souple, il est instable, étrange, plein de contradiction.
Ses médicaments ont des répercutions neurologiques. Elle tire de la poésie de
la nouvelle plasticité de son cerveau.
Ses yeux sont faibles et lui donnent une autre vision du monde.
Tout est plus flou, et donc plus iridescent. Une chose est sûre : elle ne voit pas flou
avec ses sentiments.
Désormais ses pensées vont plus vite que son corps. Parfois elle se voit comme
une plante. Elle est fixe et observe. Son rapport au corps et au temps est bouleversé. Elle s’imagine être un arbre. Elle se nourrit de l’atmosphère autour d’elle.
De tous ses problèmes, de toutes ces entraves, elle va tirer de la poésie et de la joie.
La vieillesse n’est pas une dégradation, c’est une nouvelle langue à apprendre.
Le monde lui apparaît comme il ne lui est jamais apparu avant.
Bande-son :
« L’Imprudence », Alain Bashung, album L’Imprudence, 2002
« Working on a building », Cowboy Junkies, album The Trinity Session, 1988
« Sweet Jane », Cowboy Junkies, album The Trinity Session, 1988
« I Don’t Get It », Cowboy Junkies, album The Trinity Session, 1988