Super 8 mars : La femme à la caméra

Super 8, le magazine cinéma de la Grenouille, réalisé en partenariat avec le MuCEM et le Gyptis :

 

Jeudi 23 février, le CNC a dévoilé dernier les résultats d’une étude qui s’intéresse à l’évolution de la place des femmes dans le cinéma français, entre 2011 et 2015. Le rapport indique que 22,3% des films nationaux sortis sont dirigés par des réalisatrices, soit à peine plus d’une sur 5. Nous sommes loin d’une parité, même si la France est devant ses voisins européenns, notamment l’Allemagne (19%) ou l’Italie (10%). Les réalisatrices américaines, elles, ne représentent que 12% des cinéastes, 7% à Hollywood. Ces inégalités se retrouvent dans les salaires, celui des réalisatrices françaises étant inférieur de 35% à celui des hommes.

Les femmes sont également moins soutenues que les hommes dans un second film, lorsque le premier n’a pas fonctionné. Elles ne jouissent pas, non plus, des mêmes budgets. Si l’on reste sur des chiffres d’un cinéma « industriel », le budget moyen pour une réalisatrice est de 3,5 millions, 4,8 pour un homme. Elles sont quasiment absentes des budgets à plus de 5 millions d’euros, ainsi que des grands prix dans les festivals. Rappelons qu’une seule Palme d’or a été décernée à une femme dans l’histoire de Cannes, en 1993, à la Néo-Zélandaise Jane Campion pour La leçon de piano.

Dans l’éditorial du festival Femmes Femmes, organisé à Saint-Denis en 2015, Virginie Despentes écrivait : « les films de femme sont moins représentés dans les grands festivals. Là encore, vous me direz : on s’en fout, personne ne fait du cinéma pour recevoir des prix. Bien sûr. Mais reste cet arrière-goût de propagande : les femmes feraient des petits films réussis, là où les hommes font de grands chefs-d’œuvre qui comptent. Et comme le reste : à force d’être répété, ça nous rentre dans la tête, et ça nous rétrécit les horizons. C’est ce dressage qui est ennuyeux. On aimerait bien voir Claire Denis à la tête d’un magot pour faire un film de gangsters, Céline Sciamma faire un grand film historique, ou Pascale Ferran adapter un roman picaresque… »

Dans notre émission, nous allons questionner la place des femmes dans le cinéma aujourd’hui, ainsi que leur représentation à l’écran. Esthétiquement, que l’on soit clair, il n’existe pas de cinéma féminin, mais une économie différente peut pousser les femmes à s’adapter, avec des incidences esthétiques.

Autour de notre plateau, nous recevons :

  • Juliette Grimont, programmatrice du Gyptis.
  • Nicola Schieweck, l’une des programmatrices des Rencontres Film Femmes Méditérannée, créées en 2006, à Marseille, avec pour vocation première la découverte des œuvres de réalisatrices des deux rives de la Méditerranée.
  • Agathe Dreyfus, cinéaste et co-fondatrice du collectif de réalisatrices marseillaises, 360° et même plus.
  • Par téléphone, nous interrogerons Geoffrey Grison, producteur et membre de l’association parisienne, Deuxième Regard. Un réseau qui vise à soulever les stéréotypes de genre dans le cinéma. D’une part en s’intéressant aux représentations du féminin, et d’autre part en mettant en lumière le travail des nombreuses femmes du secteur, encore faiblement représentées dans certains métiers.

 

A noter : le questionnaire de cinéphilie « Cinémoi », présent au sein de l’émission, n’est qu’un extrait. La totalité de la chronique, ainsi que l’ensemble de la série Cinémoi, est à retrouver sur la playlist Soundcloud de Super 8, ainsi que sur la page suivante : ici.

 

Par Mario Bompart.