À vous de voir…
Il y a mille façons de définir le projet Grenouille : média libre, musiques et cultures urbaines, créations sonores, ateliers de pratique radiophonique, événements dans la ville et dans le monde, amphibien pourvu de pattes longues et de pieds palmés, adaptés au saut, à la natation et aux conditions extrêmes…
Parce qu’à la radio, c’est à vous de voir. À vous d’imaginer, à vous de décider, si les parcours que l’on vous propose par les sons, la musique et la parole peuvent tracer de nouvelles perspectives, ouvrir de nouveaux horizons, inventer des possibles.
Et tant mieux, peut-être, si tout cela laisse encore à désirer.
Les formes d’écoute cousues et décousues, les dérapages contrôlés, les approches et savoir-faire croisés, les « géophonies » locales, autant que les liens tissés avec les artistes et les habitants, depuis 1981, restent au coeur de nos activités.
Ce qui a changé, en trente ans, ce sont les modes de production, de diffusion, et le rôle qu’on leur attribue.
Dire Radio et Cultures, à l’ère numérique, c’est rappeler et revendiquer les valeurs qui nous animent : liberté, partage, imagination, puissance de transformation.
C’est aussi jouer avec toutes les possibilités offertes par les mutations du web, pour dire encore la nécessité de cultiver un art de l’écoute inventive, curieuse des autres et du monde.
Pour mémoire…
Radio Grenouille, radio associative et locale, a été fondée en 1981 par Richard Martin, Directeur du Théâtre Toursky, au sein même du théâtre, à la lisière des quartiers Nord de Marseille. Cette expérience nouvelle de médiation culturelle relevait d’une double ambition : d’une part, offrir un espace d’expression aux artistes, et d’autre part, porter leur parole, la rendre accessible, et plus particulièrement à un public non connaisseur des pratiques et démarches artistiques non dominantes.
Au fil des ans, cette aventure radiophonique s’est construite et enrichie, avec et malgré des moyens limités.
En 1991, la radio s’installe à la Friche la Belle de Mai, peu de temps après son implantation rue Jobin en même temps qu’un autre vecteur de communication culturel essentiel à Marseille, le journal Taktik.
Le positionnement historique en tant que « média du champ culturel » de la radio se voyait ainsi réaffirmé et renforcé par cet emplacement, au sein d’un lieu de création innovant où se croisent des pratiques artistiques émergentes. À la même époque et dans le même lieu, Lucien Bertolina, compositeur, créateur sonore et co-fondateur du GMEM, crée l’atelier-Studio Euphonia avec Fabrice Lextrait.
L’objectif de cet espace dédié à la création sonore était de développer cette discipline par la réflexion et la recherche des moyens de sa production et de sa diffusion. L’atelier s’est notamment doté des outils techniques nécessaires à l’accueil d’auteurs et réalisateurs (Jean-Pierre Ostende, Xavier Marchand, Armand Gatti…) travaillant sur le son. Par ailleurs et avec la radio, Euphonia a permis la production et la diffusion de très nombreuses heures de programmes éditoriaux sur des thématiques culture et société dans la ville.
Avec la constitution d’une équipe de permanents et l’acquisition d’outils techniques performants (passage au numérique, nouveau lieu d’émission…), la démarche s’est étoffée et professionnalisée au fil des ans et des partenariats menés, des rencontres artistiques faites, des aventures tentées…
Un réseau de partenaires s’est ainsi constitué et enrichi, avec de nombreuses structures culturelles et festivals, d’autres médiateurs, des acteurs du champ social, des institutionnels…
Depuis 2002, l’antenne et l’atelier Euphonia, déjà très liés, ont décidé de véritablement partager un projet commun de développement culturel, traversé par la volonté de défendre des pratiques radiophoniques indépendantes et créatives à partir d’un territoire local.
Grenouille est devenu alors un projet culturel et radiophonique avec pour préoccupation majeure de donner à entendre et interroger Marseille, ses territoires artistiques, ainsi que la radiophonie tant comme media que comme medium.
Grenouille déploie son énergie en articulant une antenne (programmation musicale et programmes culturels), des projets de création (résidences et auto-productions), des ateliers de pratiques radiophoniques (dans des classes, des quartiers, à l’université) et des événements publics (festivals, soirées, scènes embarquées…).
Ce travail de fond sur les formes vaut à Grenouille une reconnaissance croissante dans des réseaux locaux (Universités de Provence), nationaux (Réseau des Radios Campus) et internationaux (Radia, Cities on the edge…), tant pour ses dynamiques de transmission que pour la qualité de ses productions (prix Europa 2010 avec Arteradio.com).
Grenouille aime activer des projets de territoire où elle croise ses pratiques, entre journalisme, documentaire, création sonore, démarches participatives. Son travail sur les enjeux de ville et de transformation urbaine l’amène à régulièrement s’installer elle-même en résidence dans des territoires proches ou lointains pour en expérimenter un décryptage sensible, des quartiers nord de Marseille (888° Nord) à Istanbul (Soundshift) en passant par Liverpool (Coming & Going).