Si le XX°s aura été la destruction de la paysannerie par l’agriculture industrielle, le XXI°s semble hésiter entre une fuite en avant par les moyens de la technologie ou le retour des paysans y compris à la ville. Qu’en est-il de cette riposte des paysans ?
Vers un XXI° siècle paysan ? / 10 ans des Grandes Tables
Hésitation entre deux chemins :
– Celui de poursuivre le chemin de la marchandisation et de la financiarisation généralisée de la nature, au nom du développement et de la lutte contre la pauvreté. Avec ses conséquences : La spoliation et la destruction des terres agricoles, la libéralisation accrue des échanges qui donne aux fluctuations du marché le pouvoir de fixer les prix.
Un chemin qui est celui du contrôle du processus de production et de commercialisation des aliments qui conduit à l’élimination des paysans, via la perte de leur autonomie, de leur savoir-faire, remplacés par une science agronomique. Pensons au cas emblématique des semences / du purin d’ortie.
C’est aussi le chemin de la disparition des terres agricoles fertiles.
– ou à partir d’une rupture avec le concept de développement et son double de sous-développement, pour en finir avec l’idée qu’un pays moderne, développé, est un pays sans paysans. Ce chemin ne serait plus celui d’une approche exclusivement scientifique de la nature et économiste – la nature comme stock disponible, ressource – mais une approche culturelle. Ce chemin serait celui de nouvelles formes d’échanges fondés sur des circuits courts d’approvisionnement comme les AMAP. Un chemin fait de transmissions de savoir-faire. Un chemin vers l’autonomie dans les processus de production garantissant la pérennité des équilibres. Un chemin déjà ouvert par des paysans rebelles organisés comme Via Campesina, le plus important mouvement à l’échelle de la planète, ou le Mouvement des sans-terre crée en 1984. 350 000 familles vivent sur les terres que ce mouvement a récupéré.
Hésitation entre l’hyperindustrialisation de l’agriculture et une transformation sociale fondée sur des agricultures paysannes.
58 minutes pour en discuter avec :
– Silvia PÉREZ-VITORIA, sociologue, économiste et documentariste.
Elle a réalisé des films documentaires sur les questions agricoles et paysannes aux Etats-Unis, en Espagne, en France, au Mexique, en Roumanie, en Erythrée, au Nicaragua… Elle collabore notamment à L’Ecologiste et au Monde Diplomatique.
Manifeste pour un XXI°s paysan
un livre qui s’inscrit dans la suite de deux précédents ouvrages : Les paysans sont de retour et La riposte des paysans
Le premier rappelait les conditions dans lesquelles a été programmée la disparition de la paysannerie et les moyens utilisé par cette dernière pour survivre ; le deuxième présentait les luttes paysannes et les rapports de force en présence. Ce troisième volet voudrait faire entendre l’urgence de choix de société qui passent par la nécessité de redonner toute leur place aux paysans.
– Jean-Christophe ROBERT, fondateur et directeur de Filière Paysanne, association indépendante marseillaise qui agit pour une agriculture et une alimentation locale. Les « Épiceries Paysannes »
– Augustin TEMPIER, co-fondateur du projet Terre de Mars dans le quartier de Sainte-Marthe à Marseille.
Projet d’agriculture urbaine lancé en 2015 par des anciens élèves de l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles à Marseille.
Et pour continuer la réflexion :
Manifeste pour un XXI siècle paysan, Silvia Pérez-Vitoria, éditions Actes Sud, 2015.
Les paysans sont de retour, Silvia Pérez-Vitoria, éditions Actes Sud, 2005.