L’économie de survie pousse le marché noir.
Qui alimente les trafics d’armes et de drogue.
Qui nourrissent la corruption immobilière.
Qui vit du clientélisme électoral.
Qui fabrique les petits malfrats, des minots de vingt ans, qui vont s’entretuer ensuite…
Au bout du compte, ces facteurs ouvrent un boulevard au Front National.
Depuis dix ans, Philippe Pujol, prix Albert-Londres 2014, plonge chaque jour dans un entrelacs d’HLM immondes, de crimes répétitifs, de drogues trafiquées, de règlements de comptes, de favoritisme et surtout d’humanité piétinée. Personne ne peut sortir de ces zones, dont les enfants ne connaissent même pas la mer. Personne ne veut y entrer. D’une délinquance à l’autre, à chaque nouvelle strate de populations immigrées, cette situation fabrique un monstre.
Nous étions, dans le cadre du Grand 8 mensuel de la rédaction de Grenouille en direct depuis 12h. Et après cette dense après-midi de création, de son, tout en poésie et en voyage sur les ondes, c’est avec un immense plaisir que nous accueillons pour ces trois dernières heures en direct le journaliste marseillais Philippe Pujol.
Trois heures, c’est un peu une carte blanche, on s’éloignera du formel à proprement parler, à Radio grenouille nous aimons casser les codes , les formats, et c’est pourquoi nous n’avions pas spécialement adopté la ligne de recevoir Philippe au moment de cette énorme session de promo au moment de la sortie de son dernier livre il y a une paire de mois « La Fabrique du Monstre », « La fabrique du monstre », sorti par les éditions Les Arènes, et sous titré « 10 ans d’immersion dans les quartiers nord de Marseille, parmi les plus inégalitaires de France ».
On s’est dit qu’on allait attendre un peu, et l’organisation de ce Grand 8 avec mes camarades de jeu de la rédaction de Radio Grenouille est l’occasion disons quasi idéale de déplier plusieurs des concepts du journalisme selon Philippe, de ce journalisme d’immersion à la première personne, de ce qui l’anime, des musiques qui l’accompagne dans le processus de recherche et d’écriture ; de cette fabrique du monstre, hydre au cœur des trafics, des règlements de compte qui font parler de notre ville, du clientélisme électoral et des comparutions devant le tribunal pour détournement de fonds.. Monstre qui est magnifiquement et tragiquement décrit durant ces quelques 300 pages par notre invité.
Trois heures ensemble, une journalistique, une musicale, et une sociologique avec Philippe Pujol et la rédaction du 88.8.
Partie 1 : Le Journalisme selon Philippe Pujol
Partie 2 : Les musiques de Philippe Pujol + No Exit Only en live