Super 8 #2 – Souvenirs d’argentique et révolution numérique

Super 8, le magazine cinéma de la Grenouille, réalisé en partenariat avec le MuCEM et le Gyptis :

Après une première émission manifeste autour des cinémas marseillais, prototypes uniques en France, nous revenons ce mois-ci à la matière, au commencement, au cinéma argentique. D’ailleurs, comment on dit argentique en anglais ? Film !

En 2010, séisme numérique sur le cinéma : 95% des salles françaises se sont équipées de projecteurs numériques grâce à une aide massive de l’Etat. Les copies Super 8, 16mm, 35, ou 70 ont dû être numérisées pour s’adapter aux nouveaux projecteurs. Si le cinéma est un fantôme de la réalité, nous avons désormais le droit aux fantôme du fantôme. Laurent Mannoni, directeur du patrimoine et du Conservatoire des techniques cinématographiques à la Cinémathèque française, disait lors d’une conférence : « numériser une copie argentique est un peu comme si on détruisait la Joconde après l’avoir photographiée. » L’argentique est pourtant une matière inimitable, dans son grain, sa texture.

Alors, l’évolution technologique est naturelle, Georges Lucas estime comme beaucoup d’autres  que nous sommes arrivés aux sommets de l’art photochimique et qu’il faut se focaliser que sur l’évolution numérique. D’autres, comme Quentin Tarantino, Philippe Garrel ou JJ Abrams, réalisateur du dernier Star Wars tournent encore en argentique. Tarantino a tourné les 8 salopards en 70mm. Pourquoi ? Parce qu’il n’arrivait pas à trouver une meilleure neige que celle-ci.

Dans cette émission, nous allons essayer de saisir les répercussions de la révolution numérique dans l’industrie cinématographique, tant au niveau esthétique, dans les conditions et le rythme de tournage, qu’au niveau de la diffusion et l’exploitation des films. Pour cela, nous recevons comme invités :

– Jean-Paul Meurisse, grand chef opérateur et directeur photo français. Jean-Paul Meurisse a filmé Louis de Funes dans La Zizanie, l’Aile ou la cuisse, l’arrivée d’un astronef dans le 5e Element, la prise d’Orléans dans le Jeanne d’Arc du même Luc Besson. En 2000, il reçoit le César de la direction photo pour Himalaya : l’enfance d’un chef, d’Eric Vailli. Aujourd’hui, il tourne avant tout avec Philippe Garrel, et toujours en argentique. Nous reviendrons sur ses tournages les plus mémorables.

– Emeline Guiller, projectionniste du cinéma Le Gyptis, nous évoque les révolutions connues par métier avec l’arrivée du numérique.

– Julien Gourbeix, cinéaste plasticien et ange-gardien de bobines argentiques, nous présente le laboratoire Dodeskaden.

– Vincent Thabourey, coordinateur du réseau de cinémas d’arts et essai de PACA, Cinémas du Sud, nous explique en quoi la révolution numérique n’a pas vraiment eu lieu dans l’exploitation et la diffusion des films, où les verrous régulateurs ont subsisté.

– Christophe Rodo, le chroniqueur neuroscientifique de la Grenouille, répond à cette question : notre oeil arrive-t-il à tout percevoir dans ces images à la résolution toujours plus haute ?

– Enfin Tom Crebassa, l’un des programmateurs musicaux de Radio Grenouille, nous dresse le portrait du compositeur de musiques de films algérien, Ahmed Malek.

 

 

Par Mario Bompart.