RUMBAKETUMBA – DERRUMBAS

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Une envie pressante de rumbas provoquée par la sortie de l’album Força Vita de Pantanito, au menu cette semaine.

La rumba de Barcelone est la seule musique autochtone à avoir vu le jour dans la capitale catalane, par le mariage des cultures musicales gitanes avec celles de Caraïbes. Au retour de leur voyages en Amérique latine, où ils se déplacent pour leur commerce textile, les catalans ramènent des mélodies et des rythmes qu’ils incorporent à leur guitare, la caisse faisant office de percussion : le « ventilador » est né.

Dans cette heure de rumbas, nous écoutons des extraits du dernier travail discographique de Pantanito aka José Antonio Bejarano, andalou installé à Barcelone dans le quartier de Gracia, où il perpétue et revisite la rumba dans le style des années 70. Une décennie qui verra la fin de la dictature mais donnera surtout lieu à un genre de rumba aussi amor-gitanodure dans ses paroles que dans sa sonorité. Drogues et prison sont le pain quotidien des musiciens de l’époque, et si le discours a changé pour s’adapter à la réalité actuelle, plus inquiète par le chômage et la précarité galopante de la population espagnole, le style rock et la voix canaille est toujours d’actualité. Pantanito sera le fer de lance d’un mouvement baptisé Neocalorrismo, apparu à l’aube des années 2000 et qui récupèrera la mouvance rumbera de ces années de plomb, en la polissant pour en nettoyer le discours plutôt sexiste et dépourvu d’une conscience sociale collective. Tout en voulant se démarquer de la mode du métissage musical qui a envahi la ville au début du siècle pour finir … en pétard mouillé.

Des plus classiques avec Lola Flores et El Pescailla, en passant par le poète Gato Pérez, la salsa gitane de la Yumi Band, l’indétrônable Peret ou encore un remix de Nickodemus. La rumba de Barcelone cuisinée à différentes sauces, et qui compose la bande sonore underground de l’une des villes d’Europe les plus abîmées par un tourisme aussi irrespectueux qu’alcoolisé.