Passerelle(s). Une nouvelle émission sur les ondes de Radio Grenouille en co-production avec le Mucem.
Demander asile en France, à Marseille.
Quatre personnes ayant déposés une demande d’asile afin de bénéficier du statut de réfugié ont participé à un atelier radiophonique. Cette émission est la quatrième séance de l’atelier, que nous avons souhaité faire en direct et en public. Dès la première rencontre l’expression « Se défendre » s’est imposée. Se défendre où comment retrouver de l’autonomie quand rien ne l’autorise. Se défendre où comment lutter contre un temps suspendu. Se défendre, dire à nouveau encore et encore qu’interdire le droit au travail et à la formation, c’est déposséder. Et quand on aura été dépossédé de tout une première fois par l’exil, l’interdiction de recommencer une vie, ne peut se vivre autrement que sous la forme d’une injustice. Vivre sans droit, mais avec l’obligation de montrer et justifier son désir et sa capacité à s’intégrer. Soit, taire en soi l’injustice subie et chaque jour sourire. Être ici aujourd’hui, demandeur d’asile, à Marseille, en France c’est donc sourire malgré soit. Et sourire malgré soit, et le rire forcé, n’est-ce pas la grimace. Se défendre, c’est donc conjurer la grimace, ne pas se laisser dévorer par elle, trouver la distance et trouver les moyens de rire de la grimace.
Et à celui qui demande l’asile, qui ne demande rien d’autre en définitive que le droit de vivre, à celui-là, on lui demandera beaucoup, on lui demandera de prouver qu’il mérite de vivre. Qui sont donc les demandeurs ? Celui qui demande le droit de travailler, le droit à l’autonomie ou celui qui demande que l’accès à ces droits fondamentaux se mérite ?
Un atelier radiophonique à l’initiative de Radio Grenouille, en partenariat avec le Mucem et l’association A Voix Haute, dans le cadre du temps fort EXIL – Être ici aujourd’hui.
par Emmanuel Moreira