Le Livre de Frog, octobre 2014. Entretien avec Gilles Ascaride autour de Malpertuis, un roman fantastique de l’écrivain belge Jean Ray, publié en 1943.
Le livre de Frog – octobre 2014
Le livre et l’invité du mois
Ecrivain marseillais, sociologue de formation, fondateur avec Henri-Frédéric Blanc de l’Overlittérature, mais aussi comédien, Gilles Ascaride a notamment publié La conquête de Marsègue (2014) et J’ai tué Maurice Thorez (2012) aux éditions du Fioupélan. Il nous a proposé pour cette première émission de la saison de partir à la découverte de Malpertuis (1943), roman fantastique majeur de l’écrivain belge Jean Ray, qui l’a hanté toute sa vie.
Alors que le mystérieux oncle Cassave se sent proche de la mort, il annonce aux membres de sa famille qu’ils ne pourront hériter de ses biens qu’à une seule condition : vivre pour toujours dans sa mystérieuse demeure de Malpertuis. Ainsi commence ce roman proche du huis-clos, dans lequel l’auteur se plaît à inquiéter et à perdre son lecteur dans un univers petit-bourgeois qui se révèlera au fil des pages toujours plus étrange, dérangeant et même terrifiant…
Les extraits du mois :
Malpertuis a été adapté au cinéma par le réalisateur belge Harry Kümel en 1971, dans un film qui met en scène Orson Welles, Michel Bouquet ou encore Jean-Pierre Cassel, et qui a concouru pour la Palme d’or au festival de Cannes de 1972 . On retrouve de manière assez efficace l’atmosphère inquiétante du roman, comme en témoignent les premières minutes du film qui s’ouvre sur une musique de Georges Delerue. L’occasion également pour nous de revenir sur les techniques, moyens et forces spécifiques de la littérature et du cinéma.
Les dieux de la mythologie grecque ont une place essentielle dans ce roman fantastique du XXe siècle, ce qui nous permet de nous rappeler l’importance des mythes et des grandes figures antiques, ainsi que le rôle essentiel qu’ils ont joué dans la formation de notre société. Cette matière reste ainsi aujourd’hui une source d’inspiration inépuisable, que ce soit par le biais de l’adaptation fidèle, de la réécriture, de la parodie ou bien de la simple référence. L’émission de ce mois d’octobre se finit donc avec un clin d’œil au film de Woody Allen Maudite Aphrodite (1995) qui, au-delà du titre qui renvoie à la déesse grecque de l’amour, met en scène un chœur tel qu’il existait dans le théâtre grec, qui intervient tout au long du film pour commenter l’action… Sauf que, bien sûr, Woody Allen s’amuse de la référence et que son chœur antique se révèle particulièrement déjanté : la preuve en est avec la chanson When You’re smiling, qui clôture le film.
Les conseils du mois après notre passage à la librairie du MUCEM:
Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli (Actes Sud) : une histoire de vengeance dans la Corse du XIXe siècle, deux personnages qui partagent un amour indéfinissable et les paysages de l’île qui se présentent comme les complices des embuscades tendues. Une histoire pétrie d’une violence crue, qui dit bien que la vie n’est pas toujours propre et lisse et qu’une littérature qui ne perturbe pas quelque peu son lecteur ne fait sans doute pas bien son travail.
Terminus radieux d’Antoine Volodine (Seuil) : sans surenchère, dans une écriture exigeante mais fluide, Volodine nous raconte, sur fond de steppe et de taïga, l’histoire de Terminus radieux, ce kolkhoze qui survit tant bien que mal à la chute de la seconde Union soviétique.
Rouge ou mort de David Peace (Rivages), traduit par Jean-Paul Gratias : de façon très documentée et en nourrissant une ambition littéraire remarquable, David Peace retrace la vie Bill Shankly, le mythique manager de Liverpool entre 1959 et 1974. A l’époque des années Thatcher, alors que la population de cette ville portuaire subissait la débâcle industrielle, le foot a fait espérer la classe ouvrière et Bill Shankly, si dévolu à son club, en est devenu le héros.