Le livre de Frog – février 2015 : Gatsby le Magnifique, proposé par Chloé Sanna

 

Le Livre de Frog, février 2015. Entretien avec Chloé Sanna autour de Gatsby le Magnifique (1925), roman de l’Américain Francis Scott Fitzgerald qui nous plonge dans le milieu quelque peu décadent de la haute-société new-yorkaise des années 20.

 

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Le livre et l’invité du mois

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Chloé Sanna est professeure agrégée d’anglais. Elle enseigne actuellement au lycée René Goscinny à Drap (Alpes-Maritimes) et nous a proposé de nous plonger dans l’un des romans phares de l’œuvre de Francis Scott Fitzgerald, publié en 1925 : Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby).

 

gatsbyNew York, les années folles, été 1922 : Nick Carraway débarque de son Middle West natal pour se lancer dans la finance et s’établir comme agent de change. Il s’installe dans un modeste pavillon à West Egg, une presque-île aux résidences huppées située à une soixantaine de  kilomètres de Manhattan. Face à lui : East Egg, qui abrite les plus grandes, les plus belles
et les plus chics demeures de la région, dont celle de sa cousine Daisy et de son mari Tom Buchanan. A côté de lui : un immense manoir qui voit défiler chaque semaine toute la haute société new yorkaise à l’occasion de fêtes toutes plus somptueuses et déjantées les unes que les autres.
Ce manoir appartient à Jay Gatsby, un voisin richissime et extrêmement mystérieux dont personne ne sait rien – ou presque, mais qui finira par confier à Nick son plus grand secret, afin que celui-ci l’aide dans une quête qui l’occupe depuis plus de 5 ans…

Mal accueilli lors de sa parution aux Etats-Unis en 1925, Gatsby le Magnifique est quelque peu oublié dans les décennies qui suivent. Il commence à acquérir les lettres de noblesse dont il avait d’abord été privé à partir des années 50, trouvant des lecteurs toujours plus nombreux au fil des années. Il est considéré aujourd’hui comme un grand classique de la littérature américaine.


Les extraits du mois :

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20’s: jazz et années folles

Gatsby le Magnifique raconte le destin équivoque de ce millionnaire qui, parti de rien, est parvenu à intégrer le gotha de la  société new-yorkaise. Mais Gatsby le Magnifique, c’est aussi la vision d’une Amérique ambigüe, tout à la fois prospère et quelque peu décadente. Tourner les pages de ce roman, c’est donc également pénétrer dans le monde fascinant des années folles et de la prohibition, du jazz et de l’alcool de contrebande. Les fêtes orgiaques dépeintes superbement par Fitzgerald en sont l’un des plus beaux exemples et nous avons donc voulu nous replonger dans l’ambiance de la somptueuse demeure de Gatsby le temps d’un air de jazz des Charleston Chasers : Blackbottom.

 

Preuve de son succès et de son actualité à travers les décennies, Gatsby le Magnifique a été adapté plusieurs fois au cinéma, posant chaque fois le problème de la transposition du texte à l’écran. Si Jack Clayton était resté fidèle à l’ambiance musicale des années 20 dans son adaptation de 1974 doublement oscarisée, Baz Luhrmann a fait un choix tout à fait différent dans sa version de Gatsby le Magnifique sortie en 2013 : aux airs de jazz du roman répondent ainsi les rythmes puissants des artistes hip-hop et r’n’b les plus connus du moment…

Adaptation et reconstitution audacieuse de Baz Luhrman au cinéma (2013)

Adaptation et reconstitution audacieuse de Baz Luhrmann au cinéma (2013)

Comme nous l’a suggéré notre invitée, peut-être était-ce là une manière pour le réalisateur de faire sentir au spectateur d’aujourd’hui l’audace et la nouveauté que représentait alors l’arrivée du jazz dans la haute-société blanche américaine. Afin de bien mesurer l’écart du choix audacieux de Baz Luhrmann, nous avons donc écouté l’un des titres principaux de son film, « A Little Party Never KilledNobody (All We Got) », interprété par Fergie, Q-Tip et GoonRock. 

 

La chronique et les conseils du mois après notre passage à la librairie L’Attrape-mots :

  • Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie(Gallimard) : le récit d’Ifemelu, une jeune nigériane qui quitte son pays pour partir étudier aux Etats-Unis. Son arrivée sur le sol américain provoquera chez elle une prise de conscience inattendue dans une société encore profondément marquée par le racisme et la discrimination : elle est noire. Après 15 ans d’efforts et de luttes sur le sol américain, elle décide de retourner dans son pays… Nouvelle épreuve pour elle: elle expérimente alors ce singulier sentiment de déracinement de ceux qui, ayant quitté leur culture pour une autre, doivent finalement apprendre à vivre entre les deux. Un roman sensible, intelligent et drôle, nous a dit Agnès Gateff, notre libraire du jour.
  • Je vous écris dans le noir, de Jean-Luc Seigle (Flammarion) : un livre qui retrace la vie de Pauline Dubuisson, condamnée en 1953 pour avoir tué son amant… Sauf qu’on ignorait à l’époque le passé de cette jeune femme, rasée et violée au lendemain de la guerre après avoir été poussée dans les bras d’un allemand par son père… Pour notre libraire, un magnifique hommage à ces victimes ostracisées de l’Histoire.
  • Tous les démons sont ici, de Craig Johnson (Editions Gallmeister) : dans cette histoire qui tient plus du roman noir que du roman policier, Walt Longmire,  héros récurrent de l’auteur , se lance en plein hiver dans les montagnes du Wioming à la poursuite d’un psychopathe qui s’est échappé d’un fourgon du FBI. Un livre haletant à découvrir avec l’auteur même, en visite à la librairie L’attrape-mots le 14 février.