Critiques. De l’avenir d’une désillusion et d’une politique municipale de la race

Critiques, c’est une émission mensuelle, sur la Grenouille, consacrée à l’actualité des pensées… critiques.
Chaque troisième samedi du mois à 10h, nous recevons un.e auteur.e, qui vient débroussailler un élément du vaste champ de ces pensées… critiques.

Ce mois-ci, Critiques reçoit Éric Fassin, professeur de Science Politique à Paris 8, qui a récemment publié « Gauche, l’avenir d’une désillusion », aux éditions Textuel, et contribué à l’ouvrage « Roms et riverains, une politique municipale de la race », avec Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels, paru aux éditions La Fabrique.

Et ce mois-ci, dans Critiques, on parle donc de la gauche, des Roms, de la gauche et des Roms.

critiques, avec Eric Fassin

IMG_0405En fait, nous allons nous pencher sur un gouffre. Celui qui sépare le discours du candidat François Hollande, au Bourget, dans lequel, citant Gramsci (dont il revendiquait l’optimisme de la volonté), il affirmait avoir pour adversaire la finance ; des propos de Manuel Valls, alors encore ministre de l’intérieur, qui déclarait, à propos des Roms, en septembre 2013 : « J’aide les Français contre ces populations, ces populations contre les Français. Elles ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres, et qui sont évidemment en confrontation. Les Roms ont vocation à rester en Roumanie, à y retourner ».

Dix-huit mois, à peine, séparent ces deux citations. Entre les deux, une victoire à la présidentielle, et un renoncement fondateur : celui de combattre les ravages de la finance – qui implique de trouver de nouveaux adversaires, d’identifier d’autres dangers, d’autres risques contre lesquels nous protéger. Et depuis ? Depuis évidemment, l’écart s’est creusé – la première citation s’est définitivement effacée derrière le pacte de responsabilité, tandis que l’auteur de la seconde est devenu premier ministre.

C’est, sans aucun doute, dans l’écart entre ces deux citations, qui ne cesse de se creuser depuis, que se joue la capacité de la gauche à reprendre la main, et à oser agir à nouveau – et c’est là, dans cet espace, également, que se situent donc les discussions sur les alliances et les stratégies de la gauche de transformation, des gauches… critiques.

Critiques, une émission proposée et animée par par Nicolas Haeringer et Emmanuel Riondé

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Un exemple parmi beaucoup d’autres à Marseille d’une politique municipale de la race.

Lundi 21 octobre 2013, au petit matin, nous étions quelques-uns au Bidonville de la Capelette à Marseille. Bidonville, déserté par ses habitants. Des dizaines et des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont passés de l’enfer du bidonville… à l’enfer de la rue. Ici à Marseille, comme partout ailleurs en France, tout est fait pour que la population roms ne puisse pas s’installer. Tout est fait pour casser les liens que celle-ci pourrait nouer. Tout est fait pour réduire la population roms à la précarité permanente. Tout est fait pour maintenir la séparation de la population roms du reste de la population.