Petites Lues #6 : Russie

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Le violon de Billancourt, de Nina Berberova (écrit en 1934, publié en 1992 chez Actes Sud) :

Nous lançons cette série avec une nouvelle de Nina Berberova, Le Violon de Billancourt, issu du recueil Chroniques de Billancourt, écrit en 1934, et publié en 1992 aux éditions Actes Sud. Nina Berberova est devenue célèbre par ses écrits sur la population russe en exil. Dans ce recueil de nouvelles Chronique de Billancourt, elle dresse, avec une certaine ironie, le portrait de de la communauté Russe de Billancourt en majorité masculine.

Ces derniers sont installés dans cette cité ouvrière de Région-parisienne après la Première Guerre Mondiale, encouragés par les entreprises et le gouvernement français, en manque de main d’oeuvre. Ses récits d’aspect historique et sociologique sont également influencé par le style de Nicolas Gogol et Isaac Babel, alors source d’inspiration pour la jeune écrivaine. Ecris en 1934, Le Violon de Billancourt se situe dans un contexte de chômage et de pauvreté après la crise économique mondiale des années 1920.

Le violon de Billancourt, une nouvelle de Nina Berberova, contée à trois voix par Antoine Vincenot, Rosalie Comby et Chloé Lasne, élèves-comédiens de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

Etudes en miniature, d’Alexandre Soljenitsyne (Fayard, 2014) :

Nous poursuivons notre collection russe avec sept écrits de l’immense Soljenitsyne, une série de pensées ponctuelles notées sur un carnet de manière brève et inspirée. Condamné à huit ans de camp de travail pour avoir critiqué Staline, Soljenitsyne a été censuré en Union Soviétique dans les années 1960. Son oeuvre sera diffusée de manière clandestine au niveau mondial. Il reçu le prix Nobel de littérature en 1970. Soljenitsyne s’est opposé toute sa vie contre les régimes autoritaires. Une voix de liberté et d’engagement qui résonne encore aujourd’hui. A travers deux époques de sa vie, nous découvrons un auteur amoureux de sa patrie mais aussi ivre de l’idée de liberté.

Etudes en miniature, une série de pensées de Soljenitsyne, contées par Antoine Vincenot, Geraud Cayla, Edith Maielander, Rosalie Comby et Chloé Lasne, élèves-comédiens de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

La Supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, de Svetlana Alexievitch (JC Lattès, 1997) :

Svetlana Alexievitch est une écrivaine et journaliste biélorusse. Née en 1948 en Union soviétique, son enfance est profondément marqué par les récits de guerre des membres de sa famille. Devenue journaliste, elle part à la rencontre de témoins anonymes des ères-soviétique et postsoviétique. C’est grâce à eux qu’elle récolte la matière pour ses livres. Elle explique sa démarche comme ceci : “Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur l’amour, la jalousie, l’enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d’une vie qui a disparu. C’est la seule façon d’insérer la catastrophe dans un cadre familier et d’essayer de raconter quelque chose. De deviner quelque chose… L’Histoire ne s’intéresse qu’aux faits, les émotions, elles, restent toujours en marge. Ce n’est pas l’usage de les laisser entrer dans l’histoire. Moi, je regarde le monde avec les yeux d’une littéraire et non d’une historienne. ”

En 2015, son oeuvre est récompensée par le prix Nobel de littérature. Dans son livre La Supplication, tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, parut en 1997, elle donne la parole aux survivants de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986 sur le territoire de l’U.R.S.S. Le témoignage bouleversant qui va suivre est celui d’une jeune femme emplie d’amour pour son jeune mari pompier, première victime de la catastrophe. Cette dernière sera prête à tous les sacrifices pour rester avec lui jusqu’au bout.

La supplication, un texte de Svetlana Alexievitch, conté par Yitu Tchang, élève-comédienne de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

Partout ici, de Vera Pavlova (extrait du recueil Douze écrivains russes : Les Belles étrangères, publié chez Actes Sud en 2004) :

A 50 ans passés, Vera Pavlova est désormais reconnue comme l’une des poètes les plus importantes de sa génération. Née en 1963 à Moscou, Pavlova a étudié la musique et la musicologie, et pensait d’abord devenir compositrice. Elle sera poète, en pensant les mots comme une mélodie. Ses textes sont rythmés, engagés, ils nous dépeignent sa Russie, une Russie en souffrance.

Partout ici, un poème de Vera Pavlova, conté par Edith Maielaender, élève-comédienne de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

La bibliothèque publique, d’Isaac Babel (extrait du recueil Chroniques de l’an 18, publié chez Actes Sud en 1996) :

La chronique que vous allez entendre a été initialement publiée dans la Revue des revues, à Petersbourg en 1916. A la veille de la révolution russe, alors que la guerre gronde, Isaac Babel décrit dans ces chroniques des scènes terrifiantes de l’état d’urgence à Pétrograd durant la guerre civile. La chronique La bibliothèque publique diffère des autres textes de ce recueil en décrivant une scène calme de l’intérieur d’une bibliothèque. On y retrouve tout le spectre social de la population russe. Dans les non-dits se joue un miroir en creux de la violence extérieure.

L’oeuvre d’Isaac Babel est aussi troublée et décousue que son époque. Né en 1894 au sein d’une famille juive d’Odessa, dans l’Empire russe, Isaac Babel revendiquera tout sa vie son appartenance russe. Les pogroms de 1903 et 1905 à Odessa marqueront l’ensemble de son oeuvre. Après des débuts difficiles dans l’écriture, il soutient la révolution russe et s’engage dans l’Armée rouge en 1920. Il ne cessera de témoigner à travers différentes chroniques qui témoignent toutes du début du 20e siècle bousculé en Russie. Il sera arrêté en 1939 pour avoir critiqué Staline en privé, mais également pour trotskisme et espionnage au service de la France et de la Russie. Il sera secrètement fusillé le 27 janvier 1940. Ses oeuvres resteront interdites jusqu’au mouvement de déstalinisation en 1954. Les manuscrits saisis lors de son arrestation n’ont jamais été retrouvés.

La bibliothèque publique, une chronique d’Isaac Babel, contée par Malo Martin, élève-comédien de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

Romance en fa mineur, de Géraldine Dunbar (issu du recueil : Bons baisers du Baïkal, nouvelles de Sibérie, publié aux éditions Transboréal en 2016) :

Née à Londres en 1972, de père sud-africain et de mère française, Géraldine Dunbar a passé sa jeunesse en Grande-Bretagne. Après avoir appris le russe au lycée, elle effectue son premier voyage en Russie en 1992 et poursuit l’aventure en faisant le tour de la Crimée en stop. Titulaire d’un DEA d’Etudes slaves, Géraldine Dunbar multiplie ensuite les séjours à Moscou, où elle travaille à la BBC puis dans la publicité. Elle y retourne en 2004 pour réaliser son rêve : voyager à bord du Transsibérien. Son voyage durera quatre mois, avec 20 000 km de souvenirs.

Le lac Baïkal est le poumon de la taïga sibérienne. Il concentre fantasmes, rêveries et peurs, croissant de lune glacé des nuits des chasseurs, pêcheurs, aventuriers. La nouvelle choisie est un conte moderne qui reprend les codes des contes traditionnels, elle est issue du recueil Bons baisers du Baïkal, nouvelles de Sibérie. Dans cette nouvelle, un couple de riches moscovites quitte sa grande ville pour s’installe dans une cabane sur les rives du Baïkal. Ils réapprennent à vivre au fil des saisons et de la lumière du jour, autour de leur amour et du poêle à bois, sur le rythme de la romance en fa mineur de Tchaïkovski.

Romance en fa mineur, une nouvelle de Géraldine Dunbar, contée par Antoine Vincenot, élève-comédien de l’ensemble 24 de l’ERAC.

 

Par Mario Bompart.