Avec Zéro de conduite, c’est une journée au programme très spécial que réservait la compagnie d’arts de la rue Artonik, aux collèges Jean Giono à Marseille et Henri Wallon à Martigues. De l’ouverture à la fermeture des portes, ces établissements ont vécu au rythme des interventions de plus en plus loufoques des comédiens, avec la complicité du personnel (professeurs, direction et équipe technique). Tout commence le 1er avril, lorsque le principal de chaque collège annonce la venue prochaine de la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie. Quelques jours plus tard, les « représentants étatiques » débarquent, afin de préparer l’arrivée de ladite secrétaire d’Etat. C’est le coup d’envoi de ce théâtre d’intervention, succession d’évènements insolites et de personnages incongrus prêts à déplacer les limites de cet environnement où la fantaisie s’exprime rarement, sous les yeux des collégiens, un rien crédules…
Le bouc : une façon de sensibiliser les élèves à l’écologie…
A écouter : Dominique Le Coq, principal du collège Henri Wallon où le théâtre d’intervention Zéro de conduite s’est déroulé le 9 avril 2009.
A écouter : Le discours officiel sur le toit du collège, un passage mémorable qui débute avec l’intervention de M. Macré, « inspecteur général de l’éducation nationale », poursuit par la chanson Colchique dans les prés avant d’être interrompu par une explosion.
A écouter : Christophe Roque, professeur d’histoire géographie au collège Henri Wallon est très impliqué dans le projet Zéro de conduite. Il évoque les différentes phases du projet.
A écouter : Les cantinières du collège Henri Wallon ont pris part au projet.
A écouter : Leçon de gromelot, cette langue universelle qui produit nettement moins de CO2 que le français
Envoi des repas depuis le toit du collège
A écouter : Paroles de collégiens
Vrai ou faux policier, il sème encore le doute
A écouter : Bernard Llopis, comédien et responsable du bar-restau le Longchamp Palace. Le caractère bienfaisant d’une fenêtre ouverte dans les collèges, sur des actions artistiques ou autres.
QUESTIONS à Alain Beauchet, co-directeur artistique de la compagnie Artonik :
Comment est né ce projet en immersion Zéro de conduite ?
Alain Beauchet : Nos spectacles sont créés pour être joués dans la rue et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de calquer le repertoire existant dans le cadre d’un collège. Pour nous, ça ne marche pas. Nous avons donc imaginé un projet neuf. Dans cet espace fermé qu’est le collège, on s’est dit qu’il fallait bousculer le quotidien ronronnant et ses codes, forcer les portes pour que les élèves posent un regard différent sur ce lieu. D’autre part, on avait envie que cette intervention soit l’occasion de créer ou de renforcer les liens entre les différents types de personnel dans l’établissement, et pour cela, mobiliser à la fois les professeurs, la vie scolaire, la cantine, etc…
-Ces interactions se sont-elles produites ?
A.B : On souhaitait avancer sur le scénario avec le personnel et prévoir des temps d’atelier avec eux, qu’il s’agisse de danse ou de théâtre. Malheureusement, dans le projet final on n’a pas pu tout réaliser. Les contraintes sont nombreuses : avoir un espace adapté, garder la confidence puisque les élèves ne devaient rien savoir, respecter les horaires et les disponibilités de chacun… Soit le personnel vient sur son temps de travail et le chef d’établissement doit être très volontaire, soit il vient pendant son temps libre et la mobilisation doit alors être très forte. Or cette volonté n’existe que s’il y a déjà des pratiques et un investissement dans des actions artistiques au sein du collège, ce qui n’est pas souvent le cas. Il manque alors ce « terreau fertile », cette « dream team » qui peut être force de réactions et de propositions. Je pense qu’il faut donc vraiment réfléchir au choix des établissements dans lesquels on intervient.
Au collège Jean Giono, ils ont refusé l’intervention de la voiture de police à cause des drapeaux, et le bouc aussi : ils avaient peur des attroupements mais finalement tout s’est bien passé, la conseillère principale d’éducation nous a même dit qu’il y avait rarement eu si peu de problèmes ! Bien sûr que la violence est présente, mais il faut arrêter d’avoir peur pour tout et de stigmatiser immédiatement…
D’un côté je comprends : il s’agit de deux mondes différents, donc il y a des incompréhensions, un manque de confiance. Mais quand même, on n’est pas que des irresponsables !
-Les réactions des élèves vous ont-elles étonnées ?
A.B : Parmi les réactions des jeunes, certaines sont assez surprenantes : par exemple il y avait Thérèse, une fausse nouvelle élève agée de 40 ans. Elle a été complétement acceptée et prise en charge par les élèves ! L’expérience était tellement forte qu’elle a décidé de leur laisser une lettre en partant, qu’un professeur a lu le lendemain. Les élèves ont dit qu’il ne croieraient plus les profs, mais je pense que l’important c’est que le lien soit installé entre le théâtre et la classe; par la suite, c’est sûr qu’il faudra un accompagnement, une « explication de texte » en quelque sorte.
Ce matin j’ai eu le proviseur du collège Vallon au téléphone. Il m’a dit que certains élèves se sont rendus au collège en costard cravate le lendemain ! Mais il a eu des retours positifs des parents car leurs enfants se sont éclatés.
Quelque part je ressens un sentiment de plénitude : il s’est passé quelque chose avec Zéro de conduite, un peu de bonheur et de partage, du côté du personnel du collège comme des enfants, ce qui n’est pas forcément le cas lorsqu’on joue dans des festivals !
A écouter : Que trouve-t-on dans le kit de survie du parfait collégien ?
Kit de survie