Tanger, ville frontière
« Mohammed alla dans la chambre à coucher et s’assit au bord du lit. La tête entre les mains il regardait le tapis de fourrure à ses pieds. Qu’est-ce qui s’est passé ? pensa-t-il. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’étais en train de dire ? Où suis-je allé ? Avec qui étais-je ? Qui était-ce ?
M. David entra dans la chambre à coucher. « Comment vas-tu, Mohammed ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Où suis-je allé ? demanda Mohammed en levant la tête. Avec qui est-ce que j’étais ? A qui est-ce que j’étais en train de parler ?
— Tu me parlais à moi, dit M. David. Tu n’es allé nulle part. »
Mohammed M’rabet, L’amour pour quelques cheveux, Gallimard 1997.
Quelques lignes de l’auteur Mohammed M’rabet, dont le dernier numéro de la revue La pensée de midi intitulé Tanger, ville frontière, invite à lire ou relire le trésor d’histoires, couchées sur le papier par Paul Bowles.
Tanger, au delà des clichés et des lieux communs, est un bout de terre chargé de rêves, d’espoirs et d’histoires. Tanger le jour, la nuit, dont les volutes bleutées se dissipent au matin sur les quais du méga-port « king size ». Frontière physique ou immatérielle, déplacée, diffuse ou violente, frontière que traversent les rêves des brûleurs, à Tanger les frontières sont intangibles.
Cette table ronde enregistrée le 25 mars 2008 aux Archives et Bibliothèque du Département (20 rue Mirès à Marseille) accueille quelques témoignages sur cette ville-frontière, les réalités et les fantômes qui la traversent.
Elle réunit :
Michel Péraldi, anthropologue, Driss Ksikes, écrivain et dramaturge, Simon-Pierre Hamelin, directeur de la revue Nedjma et libraire à Tanger, Myriam Cheikh, anthropologue, la rencontre était animée par Thierry Fabre, rédacteur en chef de la revue La pensée de midi.