Marseille2013.org est un espace d’expression et de proposition artistique qui se développe parallèlement à la candidature officielle. Non en opposition, mais comme un aiguillon. Cette initiative portée par Eric Pringels, architecte et graphiste et Martin Carrese, graphiste, questionne la candidature sur sa relation aux créateurs locaux tout en incitant ces derniers à réfléchir à leur capacité de transformation de la Cité. Quant au public, il est considéré comme un acteur à part entière.
« Par cette initiative, nous souhaitons stimuler les forces créatives, établir des passerelles entre différentes disciplines (et pas seulement artistiques), refléter la vitalité et la diversité des inspirations quotidiennes de notre ville, favoriser la mise en valeur des qualités humaines qui font sa force, susciter débats et confrontations ». Dans sa volonté de travailler avec le tissu local, la candidature officielle peut difficilement ignorer cette démarche. D’autant plus qu’elle résonne fortement avec les intentions affichées par Marseille Provence 2013, notamment la volonté d’envisager l’art comme un acteur de la transformation urbaine.
Pour Eric Pringels, Marseille2013.org est à la fois un outil d’expérimentation et d’interpellation artistique
Les différents projets de Nicolas Memain qui visent à découvrir sous un autre jour les quartiers périphériques, l’espace de spectacle flottant de Ralitza Kaperska ou encore la Reddition du métro de Marseille du tandem Martin Carrese – Benjamin Fain-Robert, s’inscrivent frontalement dans l’espace public et travaillent à en modifier la perception.
Céline Fiammante, avec ses Modules plastiques urbains, veut intervenir dans la transformation d’un territoire stratégique, en l’occurrence le périmètre Euroméditerranée. « Ce projet consiste en une intervention sur l’espace urbain pendant une période de travaux, par la disposition d’une gamme de mobilier urbain modulable et mobile, pour accompagner ceux-ci (…). Ces objets publics permettent d’agrémenter la vie du citadin pendant une période chaotique, et proposent également une lecture de l’espace habituellement pratiqué, sous un angle nouveau ».
Certains projets sont ouvertement utopiques. Ils n’en questionnent pas moins les usages, les fonctions et les circulations entre les territoires. Ainsi, Antonini Dominique, Guin Arnault, et Personnaz Joëlle dans le cadre d’un travail de fin d’étude pour l’école d’architecture proposent de transformer le Frioul en véritable quartier de ville. Irréaliste certes, mais pourtant pas inconcevable. « L’objectif n’est pas de créer un projet élitiste pour riches milliardaires ou un centre de vacances, mais bien une ville dans toute sa complexité ».
Dans l’esprit des concepteurs du site, ces propositions ne sont pas figées. Elles attendent de trouver un écho et pourquoi pas d’évoluer en fonction des réactions qu’elles vont susciter. « Nous aimerions que les utilisateurs se réapproprient l’outil, déclare ainsi Eric Pringels. Le média internet offre des opportunités de réinterprétation, de remixage… ».
Martin Carrese invite les internautes à s’investir et à devenir des commanditaires
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Marseille2013.org fonctionne avec des licences creatives commons qui, tout en garantissant la protection des droits d’auteur, favorisent la circulation des œuvres. Ce site se veut une interface dynamique et interactive entre des artistes et des internautes potentiellement mécènes-commanditaires. La mutualisation des désirs pourrait ainsi permettre de générer l’économie nécessaire à la réalisation d’un ou de plusieurs projets.
Le développement de Marseille2013.org dépend de ceux qui l’utiliseront. Eric Pringels et Martin Carrese sont ouverts aux propositions.
Fred Kahn