Le chant des villes
La ville est peut-être « le monde de l’homme, le milieu dans lequel l’Esprit peut advenir » (Hegel), il n’en reste pas moins que de nombreuses autres espèces qu’Homo sapiens ont l’air de s’y trouver bien. Sans que nous ne mesurions toujours la profondeur de cette présence.
Dans le dernier CD de la revue Sonatura (n°11, 2009), l’audionaturaliste Maxime Metzmacher présente deux sons d’oiseaux urbains, la sittelle et le merle noir, en éclairant l’histoire du peuplement urbain de ces espèces, l’histoire de leur enregistrement, et l’histoire des variations de leur chant avec le temps.
Baptiste Lanaspèze
Au début du XIXème siècle, le merle se cantonnait  toujours en forêt. Mais vers 1820, on l’aperçoit déjà dans les villages,  puis dans les villes. Dans le premier quart du XXème siècle, sa  conquête de la Cité est achevée, même s’il reste une espèce bien  implantée dans les bois humides.
Chaque mâle possède une grande variété de phrases. Sonores et émises  sans hâte, on les reconnait facilement grâce au timbre flûté de  nombreuses syllabes. Mais les phrases se terminent souvent par des sons  suraigus, moins agréables. Elles peuvent aussi comporter des syllabes  empruntées à d’autres oiseaux, voire des sonneries de GSM. Le chanteur  les lance d’habitude du sommet d’un perchoir ou du faîte d’un toit, par  beau temps ou parfois même sous l’averse.
La Sittelle torchepot (Sitta europea)
par Maxime Metzmache
La Sittelle est un oiseau forestier qui peut aussi se cantonner dans les parcs de nos villes. À condition qu’elle trouve dans ces derniers de vieux feuillus, perclus de cavités. Grâce à ses sifflements, bien audibles, sa détection est aisée, même à bonne distance.
À Bruxelles, les premiers enregistrements (connus) de cette espèce furent réalisés en 1938 et publiés en 1952 dans un ouvrage multimédia intitulé « Les oiseaux chanteurs de Laeken ». Œuvre de Ludvig Koch, réalisée avec le concours de la Reine Elisabeth, ils ont été réédités en 2006 par l’association Laca, sous le titre : La(e)ken Revisted. C’est une belle – et rare – occasion pour confronter leurs sonagrammes avec ceux réalisés 70 ans plus tard.
D’après la littérature ornithologique, les cris de la Sittelle présentent peu de variations géographiques. Mais, dans le temps, en va-t-il de même ? Un rapide coup d’œil sur les sonagrammes de deux types de cris suggère d’importantes similitudes.
Enregistrement d’un individu à Ombret (Belgique, 18 février 2008).
                