À L’Air Livre – Mercedes Deambrosis

Un entretien réalisé par Pascal Jourdana, journaliste littéraire.

Une production Des auteurs aux lecteurs www.adaal.fr

A L Air Livre Mercedes Deambrosis.

Mercedes Deambrosis est née en 1955 à Madrid, sous Franco, mais elle a peu vécu en Espagne que ses parents ont quitté pour la France. Elle vit depuis longtemps à Paris, est marié à un sculpteur Barcelonais, et c’est en français qu’elle écrit.

Même si elle n’a jamais fait œuvre autobiographique, la guerre d’Espagne s’impose au départ chez elle comme un thème récurrent, de même que la condition des femmes. Mais ses livres sont tous différents, et elle cherche à chaque fois à renouveler ses formes et ses sujets.

Milagrosa, son premier roman édité, paraît en 2000 aux éditions Dire, après de nombreux autres tentatives de publication car elle écrit depuis longtemps. Il a été réédité chez Buchet Chastel, un éditeur qui, depuis, la soutient fidèlement. Milagrosa se situe dans une ambiance étouffante et suspicieuse, celle de l’Espagne de Franc reproduite en miniature au sein d’une famille dominée par une mère terrorisant sa fille… avec amour.

Viennent ensuite Suite et fin au Grand Condé et Un après-midi avec Rock Hudson, deux livres cruels et drôles, puis un recueil de nouvelles, La Promenade des délices, qui oscille également de l’humour à la tragédie. Ces ouvrages déroulent des récits d’amour ou de haine, où Mercedes Deambrosis est au plus proche de ses personnages, avec en arrière plan l’Histoire, toujours fortement présente même si certains faits historiques ne sont parfois qu’évoqués.

Récemment, elle a fait paraître deux récits qui proposent encore des voix différentes : en 2006 : La Plieuse de parachutes, le portrait en trois parties d’un homme et l’histoire de sa rencontre manquée avec son fils. Et en 2009, un livre plus ample, aux allures de thriller, Juste pour le plaisir, qui s’étend sur 40 ans, multipliant les pistes et les personnages pour évoquer le bien, le mal, en s’appuyant sur des faits historiques comme la rafle du Vél D’hiv, mais aussi, de manière aussi importante sur les destins de gens ordinaires qui deviennent, un peu par hasard, bourreaux ou victimes, et dont elle s’attache à rendre la psychologie. Seul le monstre, le tueur en série, reste un mystère. Enfin, signalons un petit ouvrage, Candelaria ne viendra pas, paru aux éditions du Chemin de fer avec des illustrations du peintre Marko Velk, qui met en scène une femme soumise à une sourde violence familiale, dont elle n’échappe que par la fuite, et le langage, qui, comme toujours chez Mercedes Deambrosis, prend ses distances avec délice, tout en réglant des comptes au passage.

La rencontre avec Mercedes Deambrosis a eu lieu le dernier week-end de mars 2009, au moment du Printemps du livre de Grenoble, festival littéraire auquel elle était invité. Nous nous retrouvons à l’intérieur du très beau et riche Musée de Grenoble, qui présente des œuvres importantes de toutes époques, et particulièrement du XXe siècle.

Références

  • Milagrosa, Buchet Chastel, 2004
  • Suite et fin au Grand Condé, Buchet Chastel, 2002
  • Un après-midi avec Rock Hudson, Buchet Chastel, 1999
  • La Promenade des délices, Buchet Chastel, 2004
  • La Plieuse de parachutes, Buchet Chastel, 2006
  • Juste pour le plaisir, Buchet Chastel, 2009
  • Candelaria ne viendra pas, éditions du Chemin de fer, 2008

 

Remerciements à Carine d’Inca et à toute l’équipe du Printemps du livre de Grenoble.