Jeudi 2 février 2017, Théo, un jeune homme noir de 22 ans, fait l’objet d’un contrôle de police, par quatre policiers dans la cité des 3.000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Il est violé puis transporté au commissariat, puis à l’hôpital. Le 5 février, l’un des policiers est mis en examen pour viol, ses trois collègues pour violences volontaires en réunion. Dans son rapport l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) fait l’hypothèse, d’un « accident ». Lundi 13 février, on apprend que le commissaire de police d’Aulnay-Sous-Bois, avait été condamné, en 2008, à un an de prison avec sursis et un an d’interdiction d’exercer pour non-empêchement d’un délit. Trois autres policiers avaient été condamnés dans la même affaire pour violences volontaires, et l’un pour destruction de la vidéo de l’intervention policière. Mardi 14 février, le parquet de Bobigny annonce, l’ouverture d’une enquête préliminaire après de nouvelles accusations de violence visant l’un des policiers mis en examen dans l’affaire Théo.
Depuis l’agression, les manifestations se succèdent partout en France. Elles demandent justice, la fin de l’impunité de la police, elles dénoncent les violences policières quotidiennes. Elles appellent à ne pas considérer cette nouvelle agression comme une bavure, une exception, mais une pratique liée à une politique.
Avec le sociologue Eric Fassin, nous tenterons de comprendre comment et pourquoi les violences policières sous-tendent une politique qui les encourage. Comment et pourquoi elles contribuent à une politique de racialisation de la société. Et enfin les enjeux que font peser sur les luttes contre les violences sexuelles, le procès à venir et la qualification de « viol par accident » proposée par Inspection Générale de la Police Nationale.
par Emmanuel Moreira