Radio Grenouille en direct de l’Orme

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DSC_0077Les 27 et 28 mai a eu lieu l’ORME 2.14 organisé par le CRDP de l’académie d’Aix-Marseille pour la 19ème édition au Palais des Congrès à Marseille, une rencontre avec les professionnels de l’éducation et de la culture pour débattre autour de la thématique de cette année : « École numérique : école augmentée ? ».

Au programme : colloque, ateliers, rencontres avec des professionnels. L’équipe de RadioLab accompagnée de ses amis de Radio Campus Aix et de Dynam’hit, la radio de l’école de management Kedge BS Marseille, s’y rend une journée pour vous décortiquer tout ça et vous mettre au courant des toutes dernières nouveautés sur « l’Ecole numérique » !


10h30 – 11H15 – Guerre 14-18, un centenaire numérique

Gérald Attali, Inspecteur Pédagogique Régional Histoire et géographie
Corinne Martignoni, Direction du numérique pour l’éducation au Ministère de l’éducation nationale. Projet Manuel numérique
Mme Marie-Pierre Leclerc, professeure d’histoire-géographie au lycée Périer
Mireille Maurice, directrice de l’INA méditerranée

Site : Mission centenaireDirection du numérique pour l’éducationINA
Guerre 14-18 : un centenaire numérique

DSC_010414h – 15h – Ecole numérique, de quoi l’Ecole s’augmente ?
Sophie Pène, professeur à l’Université Paris Descartes et chargée du groupe de travail « éducation et numérique » au Conseil national du numérique.
Jacques Papadopoulos, directeur du CRDP
Jean-Marc Merriaux, Directeur Général du réseau Canopé
Site : Conseil National du NumériqueCRDPAgence des usages des TICE CanopeFingBlog Internet Actu
De quoi l’école s’augmente-t-elle ?

16h30 – 17h15 – Numérique, handicap

Robot Nao, Société Aldebaran
Thierry Chaminade, chercheur en neurosciences, CNRS la Timone
Pascale Michels (chargée de mission culture numérique)

Site : AldebaranCNRS la Timone
Numérique et Handicap

L’école numérique : reportage

Nous sommes à mi-chemin entre Marseille et Aix-en-Provence, à l’école élémentaire de Simiane-Collongues. Dans cette bourgade comme partout en France, la Grande Guerre est au programme d’histoire de la classe de CM2. Mais ici, Pierre Brignon, l’instituteur, a décidé d’aborder cette période historique en utilisant l’outil numérique.

Les élèves construisent un dossier sur la Grande Guerre, mais plutôt que sur papier, celui-ci est numérisé. Plus précisément, il est conçu sur le logiciel Open Sankoré. Un logiciel pédagogique libre et multi-fonctions. Les élèves peuvent y traiter du texte, comme de l’image. Ils peuvent aussi accéder à une partie d’internet, des dictionnaires pédagogiques en ligne.

Les élèves accèdent à un atelier chronologique dans lequel ils tentent de créer le profil des pays à l’époque, et de retranscrire les principaux évènements de cette guerre.

classe-multimediaEn salle informatique, les élèves sont assis deux par deux devant un écran d’ordinateur. Certains travaillent sur des bandes dessinées, d’autres sur des peintures. Clément et Florian, eux, s’intéressent à des affiches de propagande.

L’une d’entre elles contient l’inscription suivante : « l’or travaille pour la victoire ». Florian tente de l’analyser : « je pense qu’avec l’or on peut acheter des armes, donc l’or permet d’être plus puissants et de gagner la guerre ». Il a vu juste.

Pendant que ces deux garçons commencent à comprendre les bases de la géopolitique, leurs voisins Elvin et Léo, observent de vieilles photographies.

« On voit des hommes dans une tranchée, ils n’ont pas l’air content », pointe Elvin, « ils vont peut être mourir ».

Parfois, les enfants sont très touchés et émus à la lecture de certaines correspondances de « poilus ». Sur l’une d’entre elles, il est écrit : « Quand il naitra, tu diras à notre enfant que son père est mort pour sauver la France. Fais en sorte qu’il n’aille jamais à l’armée et qu’il ne meurt pas bêtement comme moi. »

Pour Pierre Brignon, l’objectif du dossier « Grande guerre » reste en priorité d’enseigner à ses élèves l’histoire de la Première Guerre Mondiale. Mais ce travail numérique permet de mobiliser chez les enfants bien d’autres compétences, inscrites au programme officiel de l’éducation nationale.

« On développe à la fois la rédaction, puisque les élèves sont amenés à rédiger des articles et à écrire des légendes d’images. On travaille la langue française, avec la lecture de textes littéraires de l’époque, on relève des mots de vocabulaire. On travaille l’expression, les élèves peuvent ainsi re-rédiger des courriers de soldats. Et bien sûr l’informatique, puisque mes élèves abordent les bases de la programmation numérique. » explique le professeur des écoles.

Selon l’instituteur, aujourd’hui les élèves n’ont aucun mal à se servir des outils numériques, ils font parti de leur quotidien. En revanche, il leur est beaucoup plus difficile de les utiliser pour s’instruire, en toute autonomie.

« Ils ont besoin d’être guidés. On s’aperçoit qu’ils peuvent rapidement tomber dans le divertissement, ou être submergés par la trop grande masse d’informations qui n’aboutit nulle part et les perd », précise l’instituteur.

Pour lui, l’Internet est un outil intéressant avec lequel on apprend beaucoup de choses, mais qui ne se suffit pas à lui-même. Il tient à préciser : « ce n’est qu’un outil. »


Entretien avec Mélanie Bourdaa


Le transmedia au service de l’éducation

Le terme de transmedia story telling est relativement nouveau. De plus en plus de stratégies de story telling autour des séries télé apparaissent et se développent. Elles y ajoutent l’aspect de la narration et de l’apprentissage.
Melanie Bourdaa s’est lancée naturellement dans les cours en ligne. Elle a du réadapter sa pédagogie et ses scénarios de cours à des outils numériques.
La pédagogie dans sa logique verticale traditionnelle est ainsi revisitée et sa transmission du savoir avec. Néanmoins, le MOOC n’est pas là pour remplacer un cours, c’est un système d’échange. Il a pour but un système inversé : c’est à dire apprendre le cours chez soi en amont, et faire ses devoirs en classe.
Des réticences sont nombreuses chez quelques enseignants, qui ne voient pas l’intérêt concret du transmedia dans l’éducation.


Entretien avec Frederic Martel

À l’ère du tout numérique, Frederic Martel s’est intéressé au jeu des acteurs du web dans son nouveau livre « Smart ». Il s’est basé pour cela sur une centaine d’interviews dans une cinquantaine de pays. Frederic Martel est chercheur et spécialiste des Etats-Unis. Il est également animateur de « Soft Power », sur France Culture, une émission qui porte sur internet et les industries créatives. Il est l’auteur de neuf livres, dont le best-seller international « Mainstream ».
Au contraire, il évoque de multiples usages : en Chine, dans les bidonvilles mexicains et brésiliens ou encore dans les pays arabes.
http://fredericmartel.com
Radio Grenouille, au micro de Hugo Verit, aborde avec lui la question de l’école numérique. L’occasion de revoir ses opportunités et ses limites.Frédéric Martel--672x359

Frederic Martel considère que le numérique s’est depuis longtemps implanté dans les écoles. De nombreux outils internet sont déjà présents dans les écoles. Il pense que c’est un outil qui devient central dans l’éducation mais qui n’est pas le seul.Les MOOC, (cours de masse online, ou cours en ligne ouvert et massif) se développent beaucoup. Les universités peuvent ainsi être en réseau, comme Harvard à Yale aux Etats Unis. Il est arrivé que plus de 100 000 personnes anglophones se soient réunies pour un cours en ligne. Jusqu’à il y a peu, certains pays émergents n’avaient pas accès aux manuels scolaires et aux dictionnaires. Grâce à Internet, ils peuvent maintenant avoir accès à des contenus éducatifs et des formations en ligne.
En France, les MOOC se sont largement développés au cours de l’année 2013. Son essor est encouragé par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso.982225-1163842

Le télé-enseignement à l’épreuve de l’Ecole

L’Internet offre des solutions d’enseignement à distance mais néanmoins, on peut se poser des questions sur le rôle de l’enseignant, du « maître » traditionnel, celui qui accompagne le contenu enseigné, souvent écrit. Le virtuel ne remplace pas l’humain. Le MOOC n’est autre qu’un manuel scolaire, il lui faut se compléter d’un pédagogue. « Il faut concevoir les contenus virtuels dans un dispositif d’éducation déjà riche », estime Frederic Martel. Toujours selon lui, l’outil Internet est passé d’une fonction d’information, pour évoluer vers celle de la communication, puis de la connaissance aujourd’hui : ce qu’on appelle le « smart Internet » permet ainsi d’éduquer.

À titre informatif, dans son livre, il indique que la moitié des inscrits aux MOOC ne les consulte jamais, et 4 à 5 % seulement finissent la lecture du cours complet.

Ainsi, pour exister, l’éducation numérisée doit être encadrée. Il semble nécessaire d’éviter les abus. Les MOOC peuvent devenir une manière de pré-sélectionner les étudiants, via Linkedin par exemple. « Cela peut mener à une dérive, si on a affaire à des chasseurs de physique », juge Frederic Martel. L’objectif de réduction des coûts par la diffusion en ligne doit également être pointé et ne doit pas devenir le seul objectif au détriment de la qualité, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires et d’autonomisation des universités.

Le MOOC contient donc des limites par rapport à une école dite « normale », même si Frederic Martel reste optimiste vis-à-vis des apports d’Internet. C’est ce qu’aborde son livre-enquête « Smart ».


Entretien avec Alexandre Lafon

Alexandre Lafon est enseignant d’histoire géographie dans le secondaire et docteur en histoire contemporaine. Il est aussi conseillé pour la mission pédagogique à la mission centenaire.
La mission s’appuie entre autre sur le réseau pédagogique du centre national de documentation pédagogique, nous parlerons dans cet entretien des projets menés par ces deux organismes.
Le centenaire s’étale de 2014 à 2018, voire même 2019 si l’on va jusqu’au Traité de paix. La mission du Centenaire se consacre essentiellement sur l’année 2014, en utilisant le numérique comme vecteur pédagogique principal. L’académie de Toulouse s’investit beaucoup dans ce projet de commémoration. La mise en place de la plateforme i-winning hebergée par le réseau Canopé mobilise plus de 200 000 personnes de 33 pays différents. Elle permet à des établissements scolaires d’avoir un lieu d’échanges de textes et de documents universitaires. Le but est un partage de mémoire entre pays grâce à cet outil informatique.
En fait, cette plateforme fonctionne exactement comme un réseau social. Pour Alexandre Lafon, ce réseau facilite grandement la communication entre enseignants et étudiants de manière sécurisé. Tous les élèves peuvent y publier leurs travaux. Il y a d’autres projets autour de réseaux sociaux plus ouverts, comme Facebook en particulier.
La « plateforme 14 » est un projet autour de la production d’un documentaire en partenariat avec France 3. Le sujet abordé est la correspondance d’une famille, la famille Rezal, pendant la guerre. Plateforme 14 est mise en ligne sur le portail de la mission centenaire. Il devrait prendre plus d’ampleur, évoluant peut être vers une nouvelle version sur le web, un webdocumentaire.
Dans l’académie de Reims, des élèves travaillent à la réalisation d’une radio et d’une télévision sur le web sur le Centenaire avec des documents d’archives. La mission tente de leur donner une meilleure visibilité.
Les historiens de la mission centenaire continuent de réfléchir à la critique de supports d’archive.
Il y a même des projets d’immersion en 3D, notamment à partir de jeux vidéos… On peut ainsi faire l’expérience de la guerre de façon virtuelle. Cela pose la question des moyens de compréhension : pour comprendre la guerre, est-il nécessaire de la (re)vivre ? La mission centenaire n’est pas prescriptive, elle conseille.
« Ce sont des réalités historiques qu’il faut aborder de manière authentique et surtout rationnel », estime Alexandre Lafon.

Design The Future Now


Entretien avec Samantha, de designthefuturnow, venu présenter un stand qui imagine des objets du futur avec des collègiens (biberon musical automatisé, un mur anti-onde, un abris bus d’échanges numériques…)


« Gréasque a bonne mine »

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La tête en l’air, je prenais plaisir à marcher sans but entre les stands des Rencontres de l’Orme 2.0. Quand tout à coup, deux petites fourmis du collège Moustier de Gréasque vinrent me proposer de découvrir les mines de leur village.
« Des mines actives de no

s jours ? Dans le Sud-Est ? Tout de suite ? ». Autant de questions dont les élèves des classes numériques du collège Moustier allaient apporter les réponses.

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Basé sur l’ancienne gare de la commune, lieux historique de Gréasque, le collège entreprit un projet numérique de grande envergure. En effet, des élèves de primaire et de 6éme à la 3eme travaillèrent main dans la main afin de faire découvrir le patrimoine de leur village : leurs mines.
Alors qu’Axelle, jeune étudiant de 6ème, nous présentait en anglais la vie de Didier, le minier, via un livre interactif, Guillaume, élève de DP3, nous plongeait dans un parcours numérique interactif animait d’énigmes façon Professeur Clayton.
Nous vous proposons d’écouter le témoignage d’Andrea et de ses camarades de la 3ème DPI qui nous explique un peu mieux ce projet numérique dans le cadre de leur cours au collège de Moustier.

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Le collège Moustier de Gréasque a également travaillé sur la mine de Gréasque. La classe de 6e a mis au point un questionnaire interactif en ligne qui propose de découvrir de façon ludique une mine du début du 20e siècle.


Quand le numérique enthousiaste les collégiens et sert le patrimoine, on en redemande !
Amis curieux, l’application « Enigma » est disponible en téléchargement gratuit sur Google Play et l’App Store.


Collège Belle de Mai

Mara Sahi et Tanguy Muret sont tous les deux enseignants au collège Belle de Mai à Marseille. Ils ont mis en place des activités numériques pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves, notamment en proposant un atelier vidéo.


« L’école est-elle prête à numériser son enseignement ? »

IMG_3014Alors que bien des établissements investissent des milliers d’euros dans des panoplies numériques riches par leurs diversités, nous nous questionnons sur le sens et l’intérêt de ces dépenses pour renouveler le système éducatif.

Selon Véronique Marchese, de la société LogoSapience, ce phénomène de « mode » a révélé l’incapacité des établissements à s’approprier ces outils pour améliorer les enseignements. Et oui, car une tablette numérique n’a pas pour but premier d’éduquer mais bien de divertir que ce soit via Internet ou les multiples applications en téléchargement sur les plateformes. Heureusement, il existe des logiciels éducatifs et interactifs tel que Wizzbe permettant aux enseignants de créer leurs supports de cours sur mesure grâce au logiciel et de les envoyer sur toutes les tablettes des étudiants de leur classe via la « Wizzbe Box » aussi rose qu’une tagada.IMG_3015

Ainsi, tout professeur, du primaire et du secondaire, peut proposer des exercices audio, vidéo et écrits à sa classe. Selon les propos de Véronique Marchese, la majorité des 2 000 établissements équipés du logiciel Wizzbe étaient déjà équipés en tablettes numériques avant leur intervention. Il est évident que tous les établissements scolaires n’ont pas abordé le virage numérique de la même façon. Certains avec prudence, d’autre avec insouciance.IMG_3018

Avant d’introduire des outils numériques dans les établissements d’enseignement, il faudrait penser à « faire une mise à jour » des connaissances sur les nouvelles technologies et leurs utilisations auprès des institutions de l’Education Nationale. Les responsables des établissements scolaires ont-ils une stratégie adéquate à l’intégration du numérique ?  Les résultats semblent cependant encourageants.


Interview enfants


Killian, Alex, Emma, Sofia et Nakib, élèves de sixième dans le collège Moustier, ont joué le jeu de répondre à nos questions sur leur vision de l’école du futur et leur rapport aux outils numériques dans leur collège.

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