Quelle nouvelle institution pour la poésie ?

« Le cipM ne remplit plus sa mission centrale, celle de diffuser une poésie vivante connectée au monde contemporain auprès d’un large public. »

C’est l’une des nombreuses critiques que l’ont peut lire dans une lettre ouverte signée par plus d’une cinquantaine d’auteurs, dressant un bilan critique à l’égard de l’activité du Centre International de Poésie Marseille. Lettre ouverte qui demande « un renouvellement de la direction et la tenue d’une réunion extraordinaire du Conseil d’administration afin que soient repensés en profondeur la gouvernance, la stratégie, le projet et les ambitions du cipM. » Malgré cette charge, les signataires reconnaissent le « caractère unique en France, en Europe et dans le monde » du CipM.

Radio Grenouille à souhaité donner la parole à Julien Blaine, poète, fondateur de cette institution en 1989, et signataire de cette lettre. Avec lui et Stéphane Nowak ( auteur) comprendre les raisons de la colère.
« Sauver le CIPM », c’est aussi repenser l’institution, redéfinir un cahier des charges. Plus largement n’est-ce pas le manque d’une institution forte et dynamique pour la poésie qui contribue à sa marginalisation. Amandine André (auteure) & Emmanuel Moreira ( producteur à Radio Grenouille ) ont ouvert un chantier visant à établir les bases d’une nouvelle institutions pour l’espace poétique.

Repenser le CipM, repenser nouvelle institution pour la poésie

capturecitizenfour

Lettre ouverte :

Sauvons le cipM !
Quand on considère les graves problèmes qui se posent aujourd’hui, quand on est conscient de l’état éthique, social, économique et artistique de notre pays, cette lettre ouverte peut paraître dérisoire. Mais la poésie n’est pas qu’un art du présent, elle se conjugue aussi et surtout au futur.

Il nous semble urgent, – nous, les auteurs, performeurs, éditeurs, lecteurs, amateurs de poésie, d’art et de culture, de Marseille et d’ailleurs – d’alerter l’opinion publique et les collectivités sur la situation dans laquelle se trouve le centre international de Poésie.

Le cipM est un outil et une structure culturelle unique en France, en Europe et dans le monde.

Depuis quelques années, la direction du cipM, peu soucieuse de développer son public, répète de vieilles formules, déconnectant la poésie du monde contemporain. Et plus grave encore, elle a pris le contrôle de l’association en plaçant des amis d’enfance ou de longue date au sein du bureau, et en « anesthésiant » le Conseil d’administration, qui n’est plus là que pour suivre et entériner des décisions déjà prises. Pas de transparence dans l’attribution des résidences, aucun débat sur la programmation, sur les orientations, etc.

La direction du cipM, au lieu de réunir les diverses tendances de la poésie comme à l’origine, et de mettre la poésie en relation avec les autres arts et disciplines, s’est plus attachée à des stratégies de pouvoir qu’à l’exercice de sa mission. Elle a fait en sorte de cliver et d’évincer une partie non négligeable d’éditeurs, de poètes, d’amateurs et de curieux.
Le manque d’innovation, la répétition des mêmes recettes, l’invitation des mêmes individus, des partenariats ponctuels, une multiplication d’événements sans qualité, sans travail de communication ni de médiation affaiblit cette institution précieuse. Le cipM ne remplit plus sa mission centrale, celle de diffuser une poésie vivante connectée au monde contemporain auprès d’un large public.

De nombreuses personnes de Marseille et d’ailleurs, qu’elles soient auteurs, éditeurs, élus ou professionnels du monde de la culture et des arts, partagent notre opinion. Il y a urgence, urgence à redonner de la vitalité à cette structure exceptionnelle que les Marseillais ont la chance et le bonheur d’avoir en leur ville.

Tout cela nous conduit à demander un renouvellement de la direction et la tenue d’une réunion extraordinaire du Conseil d’administration afin que soient repensés en profondeur la gouvernance, la stratégie, le projet et les ambitions du cipM.

La poésie est plus que jamais nécessaire en ces périodes barbares ! Sauvons le cipM, renouvelons le cipM !

Christian Poitevin (Julien Blaine), ancien adjoint à la culture de la ville de Marseille, revuiste, poète,
et tous ces poètes et auteurs qui sont non seulement poètes et auteurs mais fondateurs ou animateurs de festivals, de revues, d’éditions et de manifestations de poésie :

Nadine Agostini, Giney Ayme, Édith Azam, Nanni Balestrini, François Bladier, Jean-Pierre Bobillot, Didier Bourda, Julien Boutonnier,  Paul de Brancion, Hervé Brunaux, Arno Calleja, Didier Calleja, Hervé Carn, Xavier de Casabianca, Laurent Cauwet, Dominique Cerf, Claude Chambard, Isabelle Cohen, Sylvain Courtoux, David Christoffel, Jacques Darras, Justin Delareux, Franck Delorieux, Henri Deluy, Christian Désagulier, Olivier Desmarais, Charles Dreyfus, Sylvie Durbec, Guy Ferdinande, André Gache, Joëlle Gardes, Xavier Girard, Liliane Giraudon, Jean-Marie Gleize, Frédérique Guétat-Liviani, Christophe Hanna, Max Horde, Joël Hubaut, Geneviève Hutin, Manuel Joseph, Jean Kehayan, A. Labelle-Rojoux, Jean-Jacques Lebel, Gérard-Georges Lemaire, Francis Livon, Christophe Manon, Marina Mars, Marie-Hélène Marsan, Béatrice Mauri, Jacqueline Merville, Jean-François Meyer, Bastien Mignot, Yvan Mignot, Katalin Molnar, Hervé Nahon, Bernard Noël, Jean-Pierre Ostende, Florence Pazzottu, Charles Pennequin, Claire Poulain, François Poulain, Christian Prigent, Nathalie Quintane, Thierry Rat, Evelyne Renault, Tita Reut, Cécile Richard, Mathias Richard, Jean Ristat, André Robèr, Hélène Sanguinetti, Éric Segovia, Pierre Soletti, Gilles Suzanne, Pierre Tilman, Daniel Van de Velde, Laurence Vielle, Jean-Jacques Viton, Amandine André, Emmanuel Moreira.

milleetunenuits

L’invention d’une nouvelle institution pour la poésie. Rédaction d’un cahier des charges par auditions des poètes et des éditeurs. Fragments des premiers retours de l’enquête à partir des contribution de :
Amandine André / Emmanuel Moreira / Julien Blaine / Virginie Lalucq / Jean-Marie Gleize / Anne Kawala.

– La première mission de cette institution serait :
susciter, au delà du cercle restreint des initiés, le désir de lire la poésie et de comprendre le travail de ceux qui y consacrent l’essentiel de leurs forces.
La pédagogie est synonyme de politique.

– Cette institution se devra être : représentative de la diversité de la poésie contemporaine

– Une institution dotée d’un laboratoire de recherche.
Elle pourrait s’appuyer sur l’expérience du laboratoire Centre d’Etudes Poétiques à l’Ecole normale supérieure de Lyon ou sur le Black Mountain College.
Ce laboratoire aura entre autre pour mission de réaliser, des séminaires et des documents critiques sur la poésie telle qu’elle s’écrit aujourd’hui, à destination des établissements scolaire.

-Le fonctionnement :
Un lieu d’autonomie active
Les règles de fonctionnement aussi horizontales que possible, transparentes et souple.
Des poètes qui ne seraient pas nommés à vie mais mandatés pour une période de 3 ans maximum.

Cette institution comporterait de multiples antennes ou fonctionnerait de manière fédérale : Laboratoire / Bibliothèque / Programmation, activation …
Elle serait composée de plusieurs départements travaillant en autogestion et en étroite collaboration.

– Ressources
Un département ressource pour aider les auteurs et éditeurs
Répertoire des aides/subventions/bourses
Répertoire des résidences

– L’édition
Cette institution aurait pour mission principale de soutenir l’édition de poésie contemporaine  à travers une aide à la diffusion et à la distribution …