Entretien avec Thomas Ferrand, metteur en scène et Raphaël Dupin, danseur à propos de la pièce : Une excellente pièce de danse. Festival ActOral.14.
ActOral.14, Thomas_Ferrand et Raphael Dupin
Voilà maintenant 10 jours que le festival ActOral.14 agite la psyché des spectateurs.
Il y a au moins deux manières de lire un spectacle, une performance. S’attacher au récit, au sujet de la pièce, à ce qu’elle raconte. Dans cet optique, l’œil justement est secondaire, le corps ne sert à rien, la forme est sans importance, seul l’intellect travail, cherchant l’homogène, la cohérence d’une histoire. Cette manière de lire est tout orientée vers l’objectif de la communication. Elle est censée répondre à la question : De quoi ça parle ? L’obsession du message.
L’autre manière consiste à se détourner du récit pour aller vers l’expérience. Il s’agirait alors de considérer la scène comme un cadre, à l’intérieur duquel se succède une série d’images. Là, on porterait son attention aux matières qui composent ces images, on éprouverait l’espace et les durées.
Mais Alors, dit Alice au pays de Lewis Caroll, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ?
Oui qui ? Surtout pas Thomas Ferrand. Sa dernière création, Une excellente pièce de danse, présentée au Festival ActOral, se situe en-deçà du sens. Elle fonctionne comme notre psyché. Surgissement d’images instables, distorsion du temps et de l’espace.
Cette pièce est l’expérience d’une psyché ouverte. L’espace semble projeté la psyché, étendue face à nous, travaillant ses images, sa musique et ses figures. Nous assistons au mécanisme même de l’usine productive qu’est l’inconscient, à la fabrique de l’imaginaire.
Une excellente pièce de danse, c’est de la peinture et de la durée. Le temps y est suspendu, les signes y sont perturbés. Du feu, du sexe et quelques théories : c’est un paysage. Bribes de fictions, tintements de cloches, figures incongrues : c’est une création contemplative, climatique et grinçante, dont la seule logique est celle du rêve.
Pas de message, donc, mais un terrain fertile pour y branler l’inconscient.