Créneau documentaire de janvier : Monobloc

Une sélection proposée par Radio MONOBLOC, collectif à géographie variable

Il y a un peu plus de trois ans, une dizaine de personnes se sont installées dans un village cévenol pour y émettre ensemble cent heures de radio sans jamais s’arrêter. Ce village s’appelait Monoblet, la radio s’est appelée MONOBLOC. Créations sonores, rencontres, conversations, jeux radiophoniques ou littéraires, émissions improvisées depuis le café du village, les formes se sont inventées en faisant.

Depuis sa naissance sur les contreforts des Cévennes, Radio MONOBLOC s’est beaucoup déplacée. Un village normand, une librairie en sous-sol, les îles de Groix et de Lesbos et la presqu’île abritant la ville de Dakar, une carrière de ciment sur les hauteurs de l’Estaque et récemment Ault, en baie de Somme : deux à trois fois par an, MONOBLOC s’installe dans un lieu qui lui est inconnu pour y faire de la radio, avec celles et ceux qu’elle rencontre, sans intention préalable, guidée par ses envies et souvent par le hasard.

Dans ces archives en cinq lieux de Radio MONOBLOC, vous entendrez des voix, des histoires, des tentatives, des fictions, des sons, des bruits.

 

Samedi 2 janvier – 13 heures : Groix, sur l’île

 

En mai 2018, MONOBLOC émettait depuis le bar le Mojo, à Port Tudy, sur l’île de Groix [gʁwa] dans le golfe du Morbihan, en Bretagne. Les habitants s’appellent les Groisillons. Ils vivent entourés d’eau. Le climat y est tempéré de type océanique. Il y a des crapauds, ce qui est rare sur les îles.

Parmi les archives de cette édition insulaire, des îles fictionnelles et des îles à vendre, des histoires d’amour, une pêche au thon et le journal d’un écrivain pécheur, des chants, des poèmes et la mer.

 

 

 

 

Samedi 9 janvier – 13 heures : Déviations marseillaises

MONOBLOC s’est installée en novembre 2018 à Marseille, à l’Estaque, dans un lieu qui se trouve presque au bout de l’Autoroute du Soleil, à condition de tolérer une petite déviation.

Presque en traçant une ligne à la verticale de Monoblet, vers le Sud, à condition de tolérer une légère déviation vers l’Est. Dans un lieu comme glissé entre les carrières blanches et grises de ciment, déviation du calcaire et de l’argile. Dans un lieu qui surmonte le seizième quartier de l’Estaque, à condition de tolérer une déviation vers le haut en partant de la mer.

MONOBLOC a emprunté à ce lieu le titre et le thème de cette édition : déviation.

Ce sont donc des histoires de détournements, de dérives et de déviances, de petites ou de grandes déviations, réelles, fictives ou jouées, au fond qu’importe.

 

 

 

Samedi 16 janvier – 13 heures : Dakar, le ressac

Le conte sénégalais commence par « on racontait ». Et le public répond : « racontez-tout ! ». Puis, le conteur dit : « il était une fois ». Et le public répond : « cela arrivait souvent ». Le conteur demande « en étiez-vous témoin ? ». Et le public répond : « c’est toi qui raconte ». Quand le conte est terminé, le conteur dit : « c’est ici que le conte se jette dans la mer. Le premier qui en respire l’air ira au paradis ».

A Dakar, MONOBLOC a découvert le phénomène du ressac. Si le conte se jette dans la mer, il n’est pas perdu, car la prochaine vague le ramène et un autre peut alors de nouveau dire le conte, à sa manière.

Voici donc, ballotées, trouvées puis remises à la mer pour que d’autres les entendent, des histoires dakaroises de Radio MONOBLOC, rencontres, déambulations musicales et radiophoniques, enregistrées en décembre 2019.

 

Samedi 23 janvier – 13 heures : Confins des ondes

Le mardi 17 mars 2020 à midi, au moment où démarrait le premier confinement, MONOBLOC s’est enfermée à Bagnolet et a lancé un appel pour ouvrir ses ondes à qui souhaiterait y participer, à qui voudrait les écouter. Jusqu’en mai la radio a diffusé jour après jour des lectures casanières, des témoignages, des créations sonores et musicales, des rêves, des souvenirs, des choses faites ou à faire ou qui n’ont pas pu être faites, de la musique, des bruits, des contes, des histoires de voisins, vrais ou imaginaires. Des sons que MONOBLOC produisait, ou qui lui arrivaient de la Drôme, du large de Montevideo, ou de l’autre côté de la cour de l’immeuble. Car il y avait et il y a malgré tout des réseaux et des questions à faire exister ensemble : les incertitudes virales d’un monde en partage, l’histoire d’une chauve-souris qui d’un battement d’aile à l’autre bout du monde, l’impossibilité de la rue, et puis, par-delà la maladie, ce qui demeure ailleurs. Mais aussi peut-être, simplement, quelque chose (confiné) de la création permanente.

À notre réveil, la fenêtre sera blanche, passera un fin nuage bleu.

« Quant au monde, quand tu sortiras, que sera-t-il devenu ? En tout cas, rien des apparences actuelles ».

 

Samedi 30 janvier – 13 heures : Ault, l’envol

Dans la Somme, une ville s’appelle Ault. Coincé entre falaises et baie, le vent y souffle semble t-il où il veut. Pour sa 10ème édition l’équipe de radio Monobloc a échoué au Camping de la Chapelle, tout en haut de la ville, à cheval entre liberté et confinement, microphone ouvert en direction de ses histoires.

Monobloc a diffusé une heure par jour, du 3 au 13 novembre 2020, depuis son mobile home transformé pour l’occasion en studio radio. Vous entendrez ici : un vieil homme qui se souvient de l’amour, des picardisants qui Picard disent, des poules qui à défaut de voler chantent, un chanteur ni vraiment picard ni vraiment brésilien, une falaise qui menace et même des histoires de galets aphrodisiaques.