Créneau documentaire de décembre : radios en luttes

Une sélection proposée par le collectif Copie Carbone

Dans l’urgence d’un événement ou d’un mouvement social, la radio devient parfois un outil de lutte : moyen de communication, relais d’informations et de témoignages, lien sonore entre les membres d’une communauté, espace réflexif qui tente de penser collectivement l’événement au moment où il a lieu, de fabriquer son propre récit.

Elle s’ouvre alors à des voix non-initiées et à des expérimentations sonores sur le fil.

Quand nous ré-écoutons ces productions (ici remontées a posteriori en formats plus courts pour rendre compte de ces expériences), elles nous replongent dans la fièvre du moment. Nous vous proposons de les écouter comme des archives de l’actualité, et comme des laboratoires de pratiques radiophoniques.

 

Samedi 5 décembre – 13h : Radio d’autodéfense populaire – 1h

“La radio d’auto-défense populaire, c’est la radio au service de la grève”

Le 5 décembre 2019, un mouvement de grève interprofessionnel commence, pour protester contre la réforme des retraites prévue par le gouvernement. Plus d’un million de personnes se rassemblent dans la rue, et la grève est massivement suivie dans de nombreux secteurs professionnels, dont en première ligne les transports et l’éducation.

Depuis le studio de Radio Cause Commune, porte de Saint-Ouen à Paris, une petite équipe de radio couvre l’événement en continu, de 8h à 20h.

 

Elle diffuse des infos sur l’évolution de la situation en temps réel (départ des cortèges, lieux de rassemblement, dispositif policier…) glanées sur les réseaux sociaux, des appels et messages vocaux de toute la France, des ambiances et des paroles issues du coeur des manifestations depuis Rennes, Marseille, ou Paris. Le flux est aussi rediffusé le jour-même par une cinquantaine de radios associatives.

La Radio d’auto-défense populaire donnera lieu à l’Acentrale qui continue de couvrir les luttes en direct, depuis un studio mobile.

 

Samedi 12 décembre – 13h : Radio Confiture – 57′

Lors de deux dimanches de mai 2020, des ami.es se retrouvent grâce au flux radiophonique de Radio Confiture, une webradio éphémère d’Angoulême pendant le confinement. Des appels à sons d’où émergent des textes, des chansons, des coups de colère, des mots tendres et des conversations en direct, pour partager des mots et des notes, des bruits et des couacs, pour retrouver la chaleur des antennes « libres », montées de bric et de broc.

Ces fragments radiophoniques ont été re-composée pour l’émission IN[ouïe] qui diffuse les créations d’ancien·ne·s et d’actuel·le·s étudiant·e·s du CREADOC : un master d’écriture et de réalisation documentaires à Angoulême. A retrouver chaque mois sur Mixcloud et sur diverses radios associatives (Radio Bartas, Radio Zaï ZaÏ, Radio Vassivière …).

Réalisation de cet épisode : Nausicaa Preiss

Réalisations de radio confiture : Jimmy Kirnisky, Ambroise Cousin, Jehanne Cretin-Maitenaz, Camille Hummel, Clément Régnacq, Pierre Charrier, et toutes celles et ceux qui ont partagé cette aventure.

Dessin : Jimmy Kirnisky pour Radio Confiture

 

 

Samedi 19 décembre – 13h : Ecouter la Plaine et Noailles – 1h

A l’automne 2018 à Marseille doit démarrer le “chantier de requalification de la Place Jean-Jaurès”, communément appelée La Plaine, qui entend faire “monter en gamme” et débarrasser de ses “usages déviants” l’une des places les plus populaires de la ville, sans considération pour le vécu et les aspirations du quartier.

Alors que la lutte s’intensifie contre ce projet brutal, des habitant.e.s de La Plaine et de ses alentours se retrouvent autour de l’envie de faire du documentaire et de la création sonore. Le collectif Copie Carbone naît de ces rencontres, documente la lutte de son quartier, en produisant des sons et en organisant des séances d’écoutes publiques.

Le 5 novembre, quelques jours après la pose d’un mur de 2m50 de haut autour de la place, les immeubles du 63 et du 65 de la rue d’Aubagne dans le quartier voisin de Noailles s’effondrent. Huit personnes trouvent la mort. Une mobilisation sans précédent gagne la ville traversée par l’effroi et la colère.

Ce montage d’une heure retrace à partir des sons réalisés sur le moment la chronique de ces quelques semaines, témoignage du mépris, de la violence et de l’incurie des pouvoirs publics locaux.

 

Samedi 26 décembre – 13h :

Chaos de Nöel – 47’

“Chaos de Noël” est une fiction sonore du genre des “faux-semblants radiophoniques”. Posté en 2005 de manière anonyme sur un serveur au thème de “guerre des classes et bande passante”, elle a été repérée par Juliette Volcler pour la revue Syntone, qui le présente ainsi :

“[Chaos de Noel] débute par le son parasite d’un balayage de stations radio sur un tuner analogique, un effet qui revient régulièrement pour structurer la narration. L’oreille s’arrête bientôt sur la fin du journal de Fréquence Paris Info, annonçant un “grave incident” à la station République, au cours de laquelle une fillette serait morte. Entre deux informations sur le puçage des SDF ou les astuces pour trouver des cadeaux de Noël à la dernière minute, l’antenne annonce que des fraudeurs tentant d’échapper aux contrôleurs sont à l’origine de la bousculade qui a projeté Naïma sur les rails. Mais il s’avère rapidement, enregistrement vidéo à l’appui, que le responsable de la mort de Naïma n’est autre qu’un contrôleur. La situation évolue de flash en flash : manifestations, libération des animaux du Jardin des plantes, émeutes, morts, panique générale, état de siège.”