Charlie Jazz Festival : 50 ans après John Coltrane

 

Vendredi 7 juillet dernier, nous étions en direct du magnifique Domaine de Fontblanche, à Vitrolles, pour la 20e édition du Charlie Jazz Festival. Ce festival, né dans un contexte de résistance face à l’ancienne mairie FN, n’a cessé de se développer pour offrir aujourd’hui trois scènes, où se succèdent avec pertinence et harmonie fanfares, groupes émergents et légendes du jazz.

 

 

En inauguration de cette 20e édition, la Grenouille était en direct, de 18h à 22h30, lors d’une soirée dédiée à John Coltrane, 50 ans après sa mort. En son hommage, deux immenses saxophonistes se produisaient sous les platanes de Fontblanche : le jeune héro de la nouvelle scène jazz, Shabaka Hutching, accompagné du quintet sud-africain des Ancestors, et « The Son », le fils spirituel de John Coltrane, Pharoah Sanders, qui a rejoint Trane en 65, à l’aube de son ascension mystique.

 

19h – 20h : Devine qui vient mixer aux racines du Charlie :

 

 

Un Devine qui vient mixer spécial, avec les racines et influences musicales de certains artistes au programme de cette 20e édition :

 

20h – 21h15 : Tête à tête avec Raphael Imbert, consacré à John Coltrane :

 

 

Raphaël Imbert est l’un des plus grands saxophonistes français, avec une oeuvre oscillant entre jazz et musiques improvisées. Il est également chercheur et penser du jazz, fondateur de l’excellente compagnie Nine Spirit. L’un de ses domaines de prédilection est le mystique dans le jazz, une question au coeur de son dernier livre « Jazz Supreme : initiés, mystiques et prophètes », publié en 2014 aux éditions Les Eclats. Une oeuvre dont la troisième et dernière partie est dédiée au prophète John Coltrane.

Durant une heure, nous avons retracé l’oeuvre révolutionnaire de Coltrane, du premier quintet de Miles Davis, en passant par Thelonious Monk, Sun Ra, l’héroïne, A Love Supreme, Albert Ayler, McCoy Tyner, le virage free de juin 65, Alice, Elvin Jones, l’héritage chez les minimalistes américains, et enfin les relations musicales et spirituelles entre Jean Sebastien Bach et John Coltrane, établies par Raphael Imbert dans son album « Bach Coltrane ».

 

 

 

21h15 – 22h30 : Live Shabaka and The Ancestors :

 

 

A 33 ans, le saxophoniste londonien Shabaka Hutching est l’une des références de la nouvelle scène jazz mondiale. Depuis 2010, il multiplié les expériences, embrassant les traditions caribéennes et africaines, le rock psyché, le punk, le funk, les musiques électroniques et le jazz… tout de même, en dénominateur commun. A 27 ans, il crée Sons of Kemet, un quartet jazz sauvage, avec un duo à la batterie et un tubiste. Une musique alliant le jazz classique à ses racines caribéennes. En 2013, il crée The Comet is coming, un trio cosmique, psychédélique, avec Dan Leavers aux synthétiseurs et Max Hallet à la batterie. Un projet rare, mêlant jazz, musique électronique et rock psychédélique.

En 2017, Shabaka a décidé de se détourner de musiques futuristes pour se retourner vers le passé et donc l’Afrique, que le saxophoniste londonien, à l’instar de très nombreux jazzmen, reconnaît comme une source matricielle, motrice. Avec le quintet sud-africain The Ancestors, il revient à des formes modales et incantatoires qui relèvent d’un jazz spirituel. Ils étaient sur la scène du Charlie pour présenter l’excellent album, Wisdom of Elders, sorti en septembre dernier chez Brownswood Records, le label de Gilles Peterson.

 

 

Par Mario Bompart.