Allô la Caf ? Ici Marseille

Depuis plusieurs années, la Caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône tourne en sous-effectif, et accumule donc le retard dans le traitement des dossiers. Refusant d’embaucher, la direction a trouvé une solution radicale : fermer l’accueil au public.

Allô la Caf ? Ici Marseille

On vient de lui couper son RSA sans prévenir. Pas de courrier, pas de SMS. Ce jeudi 15 mai, il est ici, devant la Caisse d’allocations familiales de Malaval, dans le deuxième arrondissement de Marseille. Il est venu pour rencontrer un fonctionnaire, un agent – quelqu’un qui pourrait l’aider à débloquer son dossier. Peine perdue : l’accueil est fermé, comme partout dans les Bouches-du-Rhône depuis le début du printemps. Seule présence officielle : une borne électronique, qui permet certes d’imprimer des attestations, mais qui, bien entendu, « ne répond pas aux questions », comme nous l’indique Soraya Bousmâa, de la CGT-chômeurs de Marseille.

Ce matin-là, le syndicat organise justement une manifestation pour demander la réouverture des centres d’accueil de la Caf des Bouches-du-Rhône. C’est que pour de nombreux allocataires, dont les revenus dépendent en grande partie de la Caisse d’allocations familiales, la situation est catastrophique. Pendant plusieurs semaines, en cas de problème de dossier, il leur était carrément impossible de rencontrer un technicien. Depuis le 22 avril, c’est de nouveau possible, mais uniquement sur rendez-vous. A moins d’envoyer un courrier, le seul moyen de fixer une date est de téléphoner à la Caf. Problème n°1 : le numéro est un 0 800, surtaxé. « Ça leur coûte une fortune, déplore Soraya Bousmâa. Cinq euros, peut-être que pour des gens riches, ça n’est rien, mais pour des gens précaires, c’est énorme ! » Problème n°2 : surchargés d’appels, les conseillers de la Caf ne décrochent pas toujours.
Du côté de la direction, on estime qu’il n’était pas possible de faire autrement. La situation des finances publiques étant ce qu’elle est, aucune embauche n’était envisageable. Fermer les accueils au public a permis de concentrer l’énergie des agents sur le traitement des dossiers, avec un résultat certain, selon Armelle Rutkowski, directrice adjointe de la Caf des Bouches-du-Rhône : « On est passés de 115 000 dossiers en souffrance début janvier à 62 000 dossiers en souffrance le 21 mai. »

A partir du 2 juin, nous promettait Armelle Rutkowski lors de la conférence de presse du 22 mai, l’accueil au public devait rouvrir, à Malaval tout d’abord, puis progressivement dans les autres centres de la Caf du département. En attendant, les allocataires n’ont pas fini de s’entendre dire, en téléphonant au 0 810 25 13 10 : « Bienvenue à la Caisse d’allocation familiale des Bouches-du-Rhône. Merci de patienter un instant… »

par Clair Rivière