Le Livre de Frog, mars 2015. Entretien avec François Beaune autour de Tortilla Flat (1935), roman de l’Américain John Steinbeck, qui nous raconte les aventures loufoques de Danny et de ses amis, paisanos de Tortilla Flat, un quartier marginal de la ville californienne de Monterrey.
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Le livre et l’invité du mois
François Beaunes est écrivain. Il réside actuellement à Marseille. En partenariat avec Marseille-Provence 2013, il parcourt entre décembre 2011 et avril 2013 tout le pourtour méditerranéen et revient de son voyage avec 1500 histoires vraies récoltées au gré des rencontres faites dans les différentes villes qu’il a traversées. De ce projet est né son dernier livre, La lune dans le puits (édition Verticales), mais aussi Histoires vraies de la Méditerranée, une bibliothèque numérique multilingue créée avec Fabienne Pavia.
Il nous a proposé d’évoquer ce mois-ci Tortilla Flat, l’un des premiers grands succès de John Steinbeck (Les raisins de la colère, Des souris et des hommes) publié en 1935. Ce roman nous raconte l’histoire de Danny, paisano, habitant du quartier pauvre et isolé de Monterrey (Californie). A son retour de la Première guerre mondiale, il hérite de deux petites maisons. En somme, il devient propriétaire. Même s’il se refuse à abandonner sa vie d’antan et invite progressivement ses amis à s’installer chez lui, cela va signifier pour lui le début de ses ennuis. C’est ainsi que le lecteur se retrouve embarqué dans les aventures burlesques, loufoques et réjouissantes de Danny, Big Joe, Pablo ou encore le Pirate, joyeuse bande de copains marginaux au goût prononcé pour le vin et la bagarre, « purs de tout esprit commercial et indépendants du système compliqué des affaires américaines ».
Les extraits du mois :
La mort est une affaire personnelle qui provoque, selon les cas, le chagrin, le désespoir, la ferveur ou une sagesse philosophique sans tendresse. En revanche, les funérailles sont des cérémonies publiques et des devoirs sociaux. Ainsi commence le dernier chapitre de Tortilla Flat… Un chapitre qui s’amuse à dénoncer la comédie sociale qui se joue autour des funérailles, dénonciation que l’on retrouve presque à l’identique mais de manière beaucoup plus cynique dans l’une des scènes magistrales La grande Belleza (2013).
Les écrivains ? Ne m’intéressent que les gens qui ont un style. S’ils n’ont pas de style, ils ne m’intéressent pas. Les histoires il y en a plein la rue. Dans l’entretien qu’il donna à Louis Pauwels, en 1959, dans sa maison de Meudon, Louis-Ferdinand Céline semblait ainsi affirmer la supériorité du style sur l’intrigue. Une position que nous avons voulu interroger, alors même que nous abordions un roman dans lequel les personnages aiment à se raconter longuement des histoires…
La chronique et les conseils du mois après notre passage à la librairie L’odeur du temps :
Le Monde sur une feuille de Jean-Christope Bailly, Jean-Marc Besse, Gilles Palsky (Fage): « Si des représentations du profil des montagnes sont attestées dès la Renaissance, il faut attendre la toute fin du XVIIIe siècle pour voir apparaître les premiers « tableaux comparatifs » des données collectées par les explorateurs qui sillonnent le monde : hauteurs des montagnes et des chutes d’eau, longueurs des fleuves, superficies des lacs ou des îles… (…) Le monde sur une feuille est le premier ouvrage, non seulement en français mais dans le monde entier, à proposer un parcours dans ce riche corpus de « tableaux » dédiés aux phénomènes géologiques extraordinaires, allant du graphe austère au paysage fantastique. » (éditions Fage)
Le Meilleur de Bernard Mallamud, traduit de l’anglais (États-unis) par Josée Kamoun (Payot et Rivages) : ce texte culte, considéré dès sa sortie aux Etats-Unis en 1952 comme un véritable chef d’œuvre, était jusqu’ici resté inédit en français. Il raconte l’histoire de Roy, un brillant joueur de baseball qui voit sa carrière interrompue. Cependant, dix ans plus tard, l’occasion lui est donnée de devenir le meilleur joueur du pays…
Le corps du Duce de Sergio Luzzatto, traduit de l’italien par Pierre-Emmanuel Dauzat (Gallimard) : l’histoire du corps de Mussolini – et donc de la fin du fascisme – notamment à travers le prisme de nombre d’écrivains italiens.