Chercher de nouvelles formes pour dire, représenter ce qui nous arrive, c’est aussi tenter de donner une nouvelle expression au monde. L’influer, en faire bifurquer son sens, rendre à celui-ci son caractère ouvert. Mais chercher ailleurs, chercher autrement, c’est aussi nécessairement construire des formes inattendues et par conséquent monstrueuses au regard du déjà connu et de l’attendu.
Le festival ActOral porterait en lui ce quelque chose de monstrueux, de non-immédiatement lisible, en donnant à voir et à entendre de nouvelles formes d’écritures. L’informe n’est pas l’absence de forme, mais la venue d’une forme non connue, non intégrée à la culture.
En janvier au festival Parallèle Volmir Cordeiro, nous donnait à voir tout un peuple de corps intolérables, figures de la marginalité que le monde refuse de voir ou surexpose à la foire médiatique.
Il est de nouveau à Marseille au festival ActOral pour une nouvelle chorégraphie, Ines.
« Un jour, j’ai croisé cette femme qui s’appelle Inês. Il ne me suffisait pas de la regarder, je voulais surtout m’approcher d’elle. Immédiatement, j’ai commencé à me reconnaître en elle. J’ai quitté mon rôle de regardeur et j’ai commencé à vivre avec cet « être de chair ». Il ne m’a pas suffi de la capter, il m’a fallu l’avaler. Voilà ma plus forte intention, la faire émerger, en faire une question, lui proposer une scène. Comment retrouver le sens de son existence en moi et faire habiter dans mon petit corps tout son immense corps de guérisseuse ? Je veux proposer au public l’expérience qui est la mienne, celle de faire face à quelqu’un d’inconnu, de totalement étranger, de totalement inexploré. Telle qu’elle est, Inês, me paraît indispensable dans tout ce qu’elle apporte : de son but insolent d’appartenir au monde célèbre jusqu’aux résidus de joie, malice, tristesse et honte qui la font danser. » Volmir Cordeiro