France-Slovaquie 2013
En 2013, une ville Française et une ville Slovaque seront, en même temps, capitales européennes de la culture. Kosice, comme Marseille, est en lice pour décrocher ce titre. Les deux capitales régionales ont plusieurs points en commun et les projets devraient facilement se croiser et même se conjuguer. Les représentants de la candidature de Kosice ont eu l’occasion de le constater lors d’une visite fructueuse à Marseille. Entretien croisé avec le directeur de Kosice 2013, le directeur artistique et la Chargée des relations internationales.
Quelles sont les grandes lignes de la candidature de Kosice ?
Marek Kolarcik, directeur de Kosice 2013 : La philosophie de notre projet se résume à trois mots : « prenez la ville ». Appropriez-vous la ville ! Nous comptons non seulement investir les établissements culturels officiels, mais aussi répandre la création artistique dans les parcs, les espaces industriels et les quartiers périphériques de la ville. Notre projet s’exprime aussi à travers un autre mot : interface. Il est essentiel que des individus de différents milieux et horizons sociaux puissent échanger entre eux. La candidature entend faciliter la communication entre les gens.
Comment rendre compatible l’exigence artistique et la nécessité de toucher un public le plus large possible ?
Roman Sorger, directeur artistique de Kosice 2013 : Nous devons faire prendre conscience aux gens que la création les concerne aussi. La rue, la ville, peut servir d’interface entre le non-public et les créateurs qui, eux, sont convaincus que leurs œuvres s’adressent à tous. Il faut lever le malentendu.
Pour exemple, la ville de Kosice s’intéresse depuis longtemps aux arts documentaires. Et dans le cadre de la capitale culturelle européenne, des équipes artistiques vont travailler à partir de la réalité quotidienne des habitants. C’est un très bon moyen pour se rapprocher des gens. Ils ne peuvent plus dire : « Cette proposition n’est pas pour nous ». Nous envisageons de développer le même genre de dispositif avec des pays voisins. Avec Marseille, si elle est aussi capitale culturelle européenne, mais également avec des villes situées en dehors de l’espace de Schengen.
Comment trouver le bon équilibre entre programmation émanant d’artistes locaux et productions internationales ?
Roman Sorger : Nous allons, Bien sûr, présenter des artistes de dimension internationale. Nous leur demanderons de ne pas seulement présenter leur travail, mais aussi de s’impliquer dans des productions avec des artistes et des opérateurs locaux. Notre slogan « appropriez-vous la ville » s’adresse aussi aux artistes… Et bien sûr aux visiteurs qui viendront découvrir Kosice.
La dimension internationale est centrale dans ce type de candidature comment avez-vous abordé cette question ?
Alena Vachnova, chargée des relations internationales de Kosice 2013 : La Slovaquie a très longtemps été exclue de l’Europe [NDLR : après 25 ans de dictature communiste La Slovaquie est devenue indépendante en 1993. Elle ne fait partie de l’Union Européenne que depuis le 1er mai 2004]. Maintenant, nous sommes à l’intérieur de l’espace Schengen. Mais nous n’avons pas oublié ceux qui sont à l’extérieur. Nous collaborons déjà intensivement avec des artistes ukrainiens, lithuaniens et turques. Nous voulons être un pont entre l’Europe de Schengen et celle qui est à l’extérieur. Les frontières ne sont pas que politiques et celles qui sont culturelles n’ont aucune raison d’être.
Comment envisagez-vous le partenariat avec la ville française qui sera choisie comme capitale européenne de la culture ?
Alena Vachnova : Pour être en mesure de répondre à la demande de partenariat formulée par l’Europe nous avons tissé des relations avec les quatre villes françaises candidates. Une seule sera retenue. Pour autant des liens ont été noués et ils ne s’effaceront pas. Même si le partenariat se concentrera sur la ville retenue, les traces resteront.
Et si Marseille et Kosice sont toutes deux retenues ?
Marek Kolarcik : Beaucoup de gens en Slovaquie pense que Marseille sera choisie comme capitale culturelle européenne en 2013. Marseille a deux grands atouts. Son projet est bâti sur des principes d’échanges interculturels. Et il ne se limite pas au monde de l‘art, mais cherche à établir des passerelles avec les milieux économiques et sociaux, avec l’ensemble de la société civile. Ces deux ouvertures donnent à cette ville une réelle chance de gagner.
Roman Sorger : Le projet marseillais, à l’image du notre, vise à dépasser les frontières. En Europe centrale, nous avons un très mauvais souvenir des frontières. Nous sommes très sensibles à toutes les démarches qui permettent de les transcender. Et quand j’ai découvert le dossier de candidature de Marseille Provence 2013, j’ai poussé un ouf de soulagement et j’ai pensé : enfin un projet qui ne se regarde pas le nombril !
Propos recueillis par Fred Kahn pour les Blog2.013
Traduction : Peter Bu, correspondant Slovaque pour Marseille Provence 2013