À L’Air Livre – Arno Bertina

Un entretien réalisé par Pascal Jourdana, journaliste littéraire.

Une production Des auteurs aux lecteurs www.adaal.fr

A L Air Livre Arnaud Bertina.

Né en 1975, Arno Bertina fait irruption sur la scène littéraire en 2001 avec Le Dehors ou la Migration des truites (Actes Sud). Encensé par la critique, souvent à raison car elle y salua un style, parfois à tort car une partie d’entre elle insistait lourdement sur le fait qu’un si jeune auteur puisse “s’attaquer” à la guerre d’Algérie, le roman tire sa force de personnages confrontés au silence, et forcés de s’en extraire.

Depuis, Arno Bertina poursuit son travail d’écrivain, avec des textes qui surprennent à chaque fois. Ainsi Appoggio est-il tendu vers le chant et le corps, à travers l’itinéraire d’une chanteuse d’opéra et des personnages qui l’entourent. Vient ensuite La Déconfite gigantale du sérieux, un livre où tout est faux, jusqu’au nom de l’auteur (Pietro di Vaglio), et grâce auquel l’humour de Bertina se révèle à beaucoup.

Dans Anima Motrix, c’est le mouvement de l’âme d’un personnage en cavale que l’écrivain donne à lire à travers un roman énigmatique et foisonnant. Nouvelle surprise et nouveau jeu littéraire avec Anastylose, une “farce archéologique” écrite en collaboration avec Bastien Gallet, Ludovic Michaux et Yoan de Roeck lors de son séjour à la Villa Médicis à Rome en 2004-2005, où apparaît en filigrane une réflexion sur les divers fascismes de la péninsule italienne…

J’ai appris à ne pas rire du démon, en 2006, est un roman biographique qui évoque la vie du chanteur Johnny Cash à travers trois témoignages de personnes qui l’ont rencontré. Le portrait d’un homme, et d’un pays, une Amérique violente et rongée de toute part.

Son dernier livre paru, Ma solitude s’appelle Brando, possède une approche assez semblable. Sous-titré en effet “Hypothèse biographique”, c’est une rencontre posthume entre l’auteur et son aïeul, passionné par l’Afrique et en marge de sa famille. On y voit se constituer un récit fait de zones d’ombre et de narrations supplétives, l’exemple même de l’art d’Arno Bertina : mettre en jeu la fiction.

Références

  • Le Dehors ou la migration des truites, Actes Sud, 2001
  • Appoggio, Actes Sud, 2003
  • La déconfite gigantale du sérieux, Lignes, 2004, sous le pseudonyme de Pietro di Vaglio
  • Anima Motrix, Verticales, 2006
  • J’ai appris à ne pas rire du démon, Naïve, 2006
  • Anastylose, Rome, -13, -9, 1942, éd. Fage, 2006
  • Ma solitude s’appelle Brando, Verticales, 2008

Arno Bertina est également collaborateur régulier de plusieurs revues, notamment Inculte. Il a consacré plusieurs études à des écrivains contemporains, a participé avec François Bégaudeau et Oliver Rohe à l’essai Une année en France (Gallimard, 2007) et à la biographie collective Une chic fille (Naïve, 2008). Il a écrit de nombreuses fictions radiophoniques.