François Parra utilise habituellement le son comme matériau structurant des dispositifs ou des installations avec lesquels le public-auditeur interagit. Il est donc plus familier avec les rapports du son à l’espace qu’avec la composition.
Pour les auditeurs de Radia, il a conçu cette fois une pièce trajectoire, dont le titre, ma[Marseille], sonne comme une suite de points de vue singuliers sur la ville où il vit – et peut-être comme un clin d’œil aux MySpace et consorts…
Mais ce titre qui bégaie vient également apporter un doute sur ce qu’on veut bien faire dire à ce mot : « Marseille » est aussi un produit, une marque déposée, que ses édiles vendent – certains disent même « bradent » – à tous vents – certains pourraient dire : « à contre-vent de ce que la ville est pourtant. »
ma[Marseille] est un travail sur le sens des mots à travers leur son. François a d’une part capturé la mélodie, le phrasé, l’accent des voix d’habitants de la ville et nous les restitue sous une forme musicale. En contrepoint, il travaille au corps des voix de synthèse désincarnées. Sa composition interroge les discours qu’on plaque sur la ville car, quoi qu’il en soit, Marseille est depuis toujours et de toutes parts couverte de discours, d’images et de légendes, sans cesse contradictoires et renouvelés.