« Nous on en fait partie, on est logés à la même enseigne ». L’aveu est signé Olivier Cyran. « La même enseigne », c’est celle des « boulots de merde », celle des précaires précarisés, mais aussi, dans le cas des journalistes, celle où la question de « l’utilité sociale » peut être posée.
Avec Julien Brygo, il forme un duo de journalistes-indépendants-mais-fauchés. Ensemble ou en solitaire, ils ont arpenté les terrains des boulots de merde, du chasseur de migrants à Dunkerque au coursier à vélo. Le terme vient de l’expression « bullshit jobs » signée de l’anthropologue David Graeber, une appelation qui désigne ces « nouveaux » métiers parfaitement inutiles, source de souffrance psychique pour les travailleurs. Si cette étude a été le point de départ de leur réflexion, Julien Brygo et Olivier Cyran sont allés plus loin et ont inclus ces métiers dont les conditions ont été tellement dégradées ces derniers temps qu’ils ont en sont devenus « de merde » mais aussi les métiers tout en haut de l’échelle sociale (salut les traders !), mais dont l’utilité qu’ils apportent à la société est toute relative.
La Grenouille a profité du court passage des deux compères sur Marseille pour les faire causer boulot et merditude.
Sélection musicale:
– Boubacar Traoré – Hona
– Dominique A – Le Travail
– Victor Demé – Djon Maya (guitare)
– Johnny Paycheck – Take this job and shove it
Pour écouter l’intégralité du reportage de Julien Brygo dans « Là-bas Si j’y suis » (France inter), « Au-secours, nos amis les riches vont s’en aller »: ici
Photo: @Julien Brygo
Boulots de merde – Enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, Editions La Découverte, 2016. 18,50 €
Par Margaux Wartelle