Le Livre de Frog – novembre 2015 : Les Employés, proposé par Michéa Jacobi

Le Livre de Frog, novembre 2015. Entretien avec Michéa Jacobi autour des Employés (Folio classique, 1985), l’un des quelques 90 ouvrages qui composent la fameuse Comédie humaine d’Honoré de Balzac.

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Le livre et l’invité du mois

Michea-Jacobi
Ecrivain et graveur-illustrateur particulièrement attaché au territoire marseillais, Michéa Jacobi est notamment l’auteur de Marseille en toutes lettres (Parenthèses, 2013). Son dernier ouvrage, Xénophiles (La Bibliotheque, 2015) est une compilation de 26 biographies de « xénophiles », « ces être singuliers » qui ont « l’étrange inclination […] d’aimer ce qui leur est étranger ».

 


Balzac-Les employ̩s.inddIl nous a proposé pour cette première émission de la saison de parler des Employés d’Honoré de Balzac (Folio classique, 1985). Publié initialement en 1838 sous le titre La Femme supérieure, ce roman fait partie des quelques 90 ouvrages qui composent au final cet immense projet qu’est La Comédie humaine, dans laquelle Balzac se donne pour ambition d’explorer et de dépeindre la société du XIXe siècle et les différents groupes qui la composent. Dans Les Employés, il nous fait ainsi pénétrer dans les rouages de l’Administration sous la Restauration. Or, le chef d’une division ministérielle vient à mourir, et deux candidats se présentent sur les rangs pour lui succéder : Baudoyer, un esprit médiocre mais ambitieux, et Rabourdin, dont l’expérience et le mérite sembleraient le destiner naturellement à hériter du poste. Tout le récit s’organise autour de cette simple intrigue, mais à travers elle, Balzac nous dépeint minutieusement la vie et le fonctionnement souvent peu efficace des bureaux, ainsi que les manigances et jeux de pouvoir de l’Administration, au sein desquels les épouses respectives des deux prétendants joueront un rôle essentiel…

 

L’extrait du mois :

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E. Macron

La peinture des Employés dépeints par Balzac, qui sont les précurseurs de nos fonctionnaires, fait en ce sens écho à quelque chose de très contemporain. Nombreux, voir presque mythiques, sont encore aujourd’hui les critiques et les clichés qui entourent ce statut, comme nous l’a rappelé la toute récente polémique provoquée en septembre par les propos de l’actuel ministre de l’économie Emmanuel Macron. Nous avons voulu évoquer brièvement cette actualité avec notre invité en diffusant au préalable un reportage résumant la situation.

 

La chronique du mois, après notre passage à L’odeur du temps : 

  • L’imposteur de Javier Cercas (Actes Sud, 2015, traduction de l’espagnol d’Aleksandar Grujicic et Elisabeth Beyer) : Javier Cercas part à la rencontre d’Enric Marco, « l’imposteur » qui a mythifié sa vie en se faisant héros de tous les combats « justes » de l’Histoire espagnole du dernier siècle. Un récit qui interroge entre autres choses le rapport à l’histoire, à la mémoire collective et à la fiction.
  • Profession du père de Sorj Chalandon (Grasset, 2015) : assez différent des précédents ouvrages de l’auteur, ce roman intimiste met notamment en scène lui aussi la question du mensonge, à travers la figure du père du personnage principal.
  • Les jeunes mortes de Selma Almada (Métailié, 2015, traduction de l’espagnol de Laura Alcoba) : trente ans après les faits,  Selma Almada enquête sur les meurtres non élucidés et passés inaperçus de trois jeunes filles en Argentine. Abordant ainsi la question du féminicide, elle reconstitue les histoires de ces femmes.