Ça vient pas de nulle part # Décembre Une nuit à la préfecture : le contrôle des étrangers en France

Au programme : une immersion nocturne dans la file d’attente devant le bureau des étrangers de la préfecture de Marseille ; une rencontre avec l’historien Ilsen About sur l’histoire du contrôle du séjour des étrangers en France.

Ça vient pas de nulle part – Décembre – Le contrôle des étrangers en France

Photo Pascal JulienChaque nuit, devant la préfecture des Bouches-du-Rhône, à Marseille, il y a des dizaines de sans-papiers qui patientent en plein vent. Les guichets n’ouvrent pourtant qu’à huit heures et quart du matin. Mais les places sont limitées. Alors, pour pouvoir déposer une première demande de régularisation, il faut être plus qu’en avance.

Il y a deux siècles, ce genre d’histoire n’existait pas. Et pour cause ! Avant la création des Etats-Nations, avant l’invention du concept de la nationalité, avant les premières lois sur l’immigration, il n’y avait pas vraiment de contrôle des étrangers en France.

Aujourd’hui, les cartes de séjour, les autorisations de travail et les expulsions nous sont tellement naturelles qu’elles semblent avoir toujours été là. Ce n’est pas vrai. Tout ce système de contrôle a été patiemment construit, et c’est ce que nous racontera l’historien Ilsen About.

Mais pour commencer, nous allons du côté de Castellane, à Marseille, dans la rue Saint-Sébastien, devant le bureau des étrangers de la préfecture. Il est à peine une heure du matin, et l’attente a déjà commencé.

 

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Quelques précisions

http://www.histoire-immigration.fr/musee/collections/declaration-de-residence-en-execution-de-la-loi-du-8-aout-1893-de-sebastien-aniorte-dans-la-commune-de-saint-eLes étrangers qui sont contraints de faire la queue toute la nuit sont ceux qui viennent déposer une première demande de régularisation. Pour les autres, ceux qui viennent par exemple pour un renouvellement, l’attente est également longue, mais tout de même moins scandaleuse. Et puis, dans ce cas, si l’on réside à l’autre bout du département, il est possible de rendre dans une sous-préfecture, sans aller donc jusqu’à Marseille.

Par ailleurs, pour forcer la préfecture à revoir son organisation et à éviter ainsi ces files d’attente, une action en justice a été lancée par quatre associations de soutiens aux étrangers (la Cimade, les Amoureux au ban public, l’Association des juristes pour la reconnaissance des droits fondamentaux des immigrés et le Gisti – dont le juriste Hervé Gouyer, qu’on entend dans l’émission, fait partie). Leurs deux référés lancés en 2013 ont été rejetés par le tribunal administratif. Les procédures d’appel auprès du conseil d’Etat n’ont pas eu plus de succès. L’affaire a finalement été jugée au fond en septembre dernier : ce fut également un échec.

Les quatre associations ont de nouveau contesté cette décision : la cour d’appel administrative de Marseille a été saisie. Elle devrait rendre sa décision en fin d’année prochaine. On verra, alors, si la préfecture est finalement condamnée à modifier son organisation et à mettre en place un système de rendez-vous, par exemple, ou si les étrangers devront continuer à passer la nuit sur le trottoir.

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 Liens et références

– Libération  : un article consacré au recours des associations contre les files d’attente
– Sur l’histoire du contrôle du séjour des étrangers : un article de l’historien Ilsen About

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 Programmation musicale

– Générique de départ : Walter Wanderley, Você e Eu (Carlos Lyra/Vinícius de Moraes)
– Billy Joel, Piano Man
– Gotan Project, Mi Confesion
– Meshell Ndegeocello, Feelin’ good
– Maxime le Forestier, Né quelque part
– Marcel Dadi, From Paris with love
– Générique de fin : Walter Wanderley, Os Grilos (Marcos Valle/Paulo Sérgio Valle).

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 Photographies

– Autorisation de dormir dehors avec un tampon de l’Ofii (Office français de l’immigration et l’intégration). Photo : Pascal Julien. Lire ici un article sur la rocambolesque histoire de cet étonnant post-it.
– Déclaration de résidence (en exécution de la loi du 8 août 1893) de Sébastien Aniorte dans la commune de Saint-Etienne en 1923. Copyright : Archives départementales de la Loire, série M, dossier 1084. Image initialement publiée sur le site du musée de l’Immigration.

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 ¿ Quién está detrás de este micrófono ?

– Préparation, interviews, reportage : Clair Rivière et Marie-Noëlle Battaglia, avec la participation de Juliette Palmade et de Diny Ndengahayo
– Technique : Sébastien Geli
– Merci aussi à Pauline Gervais