C’est essentiel d’avoir un bon médecin. Cette phrase n’a pas d’âge. Pourtant, on l’a toujours entendue…Elle résonne dans l’oreille portée par la voix d’une tante, d’un grand père, d’un proche. Soit. Mais finalement qu’est-ce que c’est qu’un bon médecin ? À l’heure où l’hôpital public semble se noyer dans les méandres du tiers payant, de la santé comme marchandise, des coupes budgétaires où le patient devient client sans avoir même demandé l’addition, la question de l’humanité n’est pas à côté de la plaque en titane.

Un bon médecin, c’est peut-être, tout simplement, comme un bon ami, un vrai : un être généreux, au cœur profond comme une mine d’or, qui vous connait sans vous juger, qui peut et doit vous dire la vérité en face, qu’elle soit fatale ou sublime. Une seule pensée le guide : votre bien-être même quand vous êtes au plus mal. Alors il joue de douceur dans les mots, les regards, les silences et les gestes…Il convoque son empathie pour se mettre, l’espace d’un instant, dans vos baskets pas toujours tranquilles…Il vous apprivoise quand vous avez peur de souffrir…Il vous écoute quand vous voilà au fond du trou, au bord du gouffre, ou amoureux du premier jour, inquiet des palpitations bien intenses et rapides que fait votre cœur depuis le coup de foudre.

À la fin de la consultation, on espère qu’il nous dira : « On se revoit l’année prochaine, si tout va bien »

Il est rare d’en croiser sur sa route. Un bon.

Mon invité a croisé la mienne un matin d’été. Ses yeux sont d’une bonté sans égale, et quand il ouvre la bouche, ce n’est ni pour prescrire des pilules lobotomisées, ni pour se targuer de la ribambelle de diplômes et de spécialités qu’il traine depuis les bout du monde et cache derrière lui, par cette pudeur touchante qui révèle les perles de culture…Non, quand il dit « aaaah », c’est toute une bonne partie de la Méditerranée, du Liban, du Sénégal, qui inonde de soleil la morosité d’une époque. La sienne, qu’il remet sans cesse en question, pétillement au coin des yeux et sourire qui rassure.

Albert Camus écrivait que « la plus belle générosité envers l’avenir, c’est de tout donner au présent ». Sauf peut-être sa santé…soyons raisonnable ! La nôtre, je vous propose de la mettre entre les mains du docteur Ali Hamdan, et d’en parler. Faisons confiance dans cet océan de méfiance, voici un ilot de douces certitudes.

Stéthoscope et blouse impeccables, un corps sain dans un esprit (presque) sain (laissons juste assez de failles pour faire passer la folie créative et les lumières stroboscopiques de l’existence), bistouri authentique enclenché. On décortique en finesse l’être, l’avoir, le pourquoi du comment d’une vocation accomplie contre vents, frontières, et marrées, le tout dans les règles de l’art : celles du grand Hippocrate…Les hypocrites eux, direction la salle d’attente. Ici, pas de pilule bleue, d’esbroufe ou de placebo, on utilise la parole homéopathique et cathartique.

Allongez vous et dîtes 88.8 et non 33. Oh oui ! Vous êtes dans l’Instant d’Eux, sur Radio Grenouille et (même hypocondriaque) vous êtes en toute sécurité…

Le podcast  à (ré)écouter sans frontière >>> L’Instant d’Eux #12 – Ali Hamdan – Docteur 3000%

#Nouveauté – La Playlist de mois (30′ de kiff)
Le(s) son(s) d’octobre

Au port – Camille – 2005
À la longue –  Noir Désir – 1996
The wanderer –  Jil is Lucky – 2009
The story of Impossible – Peter Von Poehl – 2006
The fine art of hanging On –  The Leisure Society – 2015
The cave – Mumford and Sons – 2009
Elephant gun – Beirut – 2005
Just the two of us – Rebirth Brass Band – 2009

La musique de l’émission (choix de l’invité)
> « Magic in the air » – Africainement Vôtre – Magic System
> « Shou Hal Ayyam » – Ziad Rahbani

Et aussi Ismaël Lô côté Afrique, Fairouz côté Liban…

L’équipage de l’émission
> « Chronique décalée » : Bombardement de l’hôpital de Kunduz, crime de guerre, silence radio ? – Laurie-Anne Toulemont
> « Parlez moi de lui » – Création sonore reportée –  Le coureur sur un banc – Edwige Moreau
> « Chronique Qui suis-je ? » : Une ratée du Pilate – Julia Rondon

Les extraits sonores
> Interview de Camille Rosa sur l’humanitaire et développement local – Mélanie Masson
À voir en ligne : le documentaire de Camille « Oné, Respé » sur le développement local en Haïti

Pour aller plus loin
> Besoin d’un bon médecin ? Le site du docteur Ali Hamdan ;)
> Envie de connaître l’association Samben d’Ali, et/ou de s’y engager ? C’est par ici !
> Connaissez vous le travail de l’ONG Humani-terra ? 

Les textes choisis par l’invité

« L’Amour » extrait du livre « Le Prophète » –  Kahlil Gibran

Alors Almitra dit:

Parle-nous de l’Amour.

Et il leva la tête et regarda le peuple assemblé, et le calme s’étendit sur eux. Et d’une voix forte il dit :

Quand l’amour vous fait signe, suivez le.

Bien que ses voies soient dures et rudes.

Et quand ses ailes vous enveloppent, cédez-lui.

Bien que la lame cachée parmi ses plumes puisse vous blesser.

Et quand il vous parle, croyez en lui.

Bien que sa voix puisse briser vos rêves comme le vent du nord dévaste vos jardins.

Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.

De même qu’il vous fait croître, il vous élague.

De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,

Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.

Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.

Il vous bat pour vous mettre à nu.

Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.

Il vous broie jusqu’à la blancheur.

Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple.

Et alors il vous expose à son feu sacré, afin que vous puissiez devenir le pain sacré du festin sacré de Dieu.

Toutes ces choses, l’amour l’accomplira sur vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur, et par cette connaissance devenir une parcelle du cœur de la Vie.

Mais si, dans votre appréhension, vous ne cherchez que la paix de l’amour et le plaisir de l’amour.

Alors il vaut mieux couvrir votre nudité et quitter le champ où l’amour vous moissonne,

Pour le monde sans saisons où vous rirez, mais point de tous vos rires, et vous pleurerez, mais point de toutes vos larmes.

L’amour ne donne que de lui-même, et ne prend que de lui-même.

L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé.

Car l’amour suffit à l’amour.

Quand vous aimez, vous ne devriez pas dire, « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt, « Je suis dans le cœur de Dieu ».

Et ne pensez pas que vous pouvez infléchir le cours de l’amour car l’amour, s’il vous en trouve digne, dirige votre cours.

L’amour n’a d’autre désir que de s’accomplir.

Mais si vous aimez et que vos besoins doivent avoir des désirs, qu’ils soient ainsi:

Fondre et couler comme le ruisseau qui chante sa mélodie à la nuit.

Connaître la douleur de trop de tendresse.

Etre blessé par votre propre compréhension de l’amour;

Et en saigner volontiers et dans la joie.

Se réveiller à l’aube avec un cœur prêt à s’envoler et rendre grâce pour une nouvelle journée d’amour;

Se reposer au milieu du jour et méditer sur l’extase de l’amour;

Retourner en sa demeure au crépuscule avec gratitude;

Et alors s’endormir avec une prière pour le bien-aimé dans votre cœur et un chant de louanges sur vos lèvres.

* * *

« Le mourant et le vautour » extrait du livre « Le Prophète » –  Kahlil Gibran

* * *

Une émission proposée et animée par Mélanie Masson
Générique / Habillage : Mélanie Masson & Sébastien Géli
Réalisation : Seb & JB