Pendant tout l’été 2015, Radio Grenouille et l’AMI célèbre les 30 ans du festival MIMI, de ses débuts à Saint Rémy de Provence aux Îles du Frioul où il est aujourd’hui installé, enchantant systématiquement le cadre déjà magique de l’Hôpital Caroline.
Avec des soirées immanquablement surprenantes, MIMI associe les esthétiques comme aucun autre festival dans la région (en France?) en proposant des plongées profondes autant dans les musiques improvisées que contemporaines, urbaines, du monde… ou tout cela à la fois.
Du 18 juillet au 12 septembre, chaque samedi à 20h30, écoutez l’un des moments emblématiques d’une histoire unique à travers les musiques alternatives et curieuses, toutes tendances confondues.
Samedi 18 juillet : MOONDOG
En 1999 le MIMI avait lieu au Théâtre Antique d’Arles. Le 1er août, pour sa soirée de clôture, le festival accueillait le mystérieux Moondog, accompagné de la pianiste Dominique Ponty. Louis Thomas Harding alias Moondog était un musicien en perpétuelle recherche de liberté. Célébré par Frank Zappa, Charlie Parker, Stereolab ou le Kronos Quartet, le musicien de rue au casque de viking allait quitter définitivement notre terre quelque mois plus tard. Il habite à jamais la Planète Musique. Photo : Christofle Defranoux
Samedi 25 juillet : TERRY RILEY & STEFANO SCODANIBBIO (1998)
Fondateur de la musique minimaliste, notamment dans sa tendance répétitive, Terry Riley influença aussi bien Steve Reich ou philip Glass que des pans entiers de la musique populaire via la pop de recherche, le krautrock et les musiques électroniques. On le retrouve en 1998 au MIMI avec le contrebassiste virtuose Stefano Scodanibbio, pour un duo alternant composition du maître et improvisation, pour se finir avec un râga du soir en solo piano-voix, comme en avait alors l’habitude Terry Riley, passionné de jazz comme de musique classique indienne.
1er août : Dupain (1999)
Dupain était en 1999 le fer de lance d’une certaine « tradinnovation » en occitan. Reformé récemment avec deux de ses membres fondateurs, Sam Karpienia (chant) et Pierre-Lo Bertolino (vielle à roue), Dupain jouait le 31 juillet 1999 dans la chaleur arlésienne pour la 14ème édition du festival MIMI. La bande de marseillais ferait passer le sampling pour un art traditionnel occitan. En bons conteurs d’histoires, ils nous emmènent en voyage entre chants populaires et ritournelles engagées.
8 août : Glenn Branca Ensemble (2012)
Compositeur et guitariste américain, Glenn Branca est une véritable icône du mouvement no wave. Depuis le début des années 80, tout (ou presque) ce que New-York compte de musiciens rock aventureux a joué dans l’Ensemble de Glenn Branca, dont les futurs musiciens de Sonic Youth, pour ne citer qu’eux. Temple de la 5 cordes (il composa par ailleurs pour 100 guitares ou pour un orchestre symphonique), l’Ensemble est pour le compositeur et chef d’orchestre un terrain d’expérimentation entre rock, musique industrielle, compositions savantes et guitares préparées.
15 août : B’Net Al Houwariyate (1997)
Les six femmes de B’Net Al Houwariyate sont un miraculeux réceptacle. De leurs percussions et chants immémoriaux, puisés aux sources de l’Afrique Noire et de l’Arabie, on tire les constructions rythmiques et harmoniques les plus modernes. C’est pourtant d’un rite primitif et secret qu’il s’agit, enfoui dans un village à la lisière d’un désert de sable.
22 août : d.v.d. (2009)
Le projet « drum visual drum » est porté par Itoken, percussionniste tokyoïte habitué de MIMI. Deux batteurs jouant sur des batteries électroniques et un vidéaste, tous trois interconnectés et inter-agissant à travers un même programme informatique “luttent” pour l’espace sur un écran géant, à base de sons et d’images électroniques “cheap”, issus des années soixante-dix… Mais comme vous allez pouvoir le constater, pas besoin des images pour apprécier ce concert.
29 août : Kimmo Pohjonen (2000)
La musique tournoyante de Kimmo Pohjonen propose, sur fond de rythmes variés, un voyage où il fait bon se perdre, tantôt dans un folklore scandinave méconnu, tantôt dans des sonorités électroniques grouillantes. Le finlandais Kimmo Pohjonen a révolutionné la pratique de l’accordéon en électrifiant le sien et en développant une vision musicale radicalement originale, teintée de folie.
5 septembre : The Last Poets (2011)
Formé en 1968 à Harlem, The Last Poets associent alors de manière inédite leur poésie scandée et revendicatrice à des percussions aux résonances africaines. Ils sont considérés à juste titre comme des précurseurs du hip hop. Umar Bin Hassan et Abiodun Oyewole étaient accompagnés ce soir là par le fameux bassiste Jamaaladeen Tacuma, par Mingus Murray à la guitare et Ranzel Merritt à la batterie, pour faire entendre une fois de plus les voix des humbles, des visionnaires et des déshérités de l’Amérique.
12 septembre : Joujou (2015)
Joujou est un duo batterie, voix et basse une corde fretless, soutenu par un dj pour l’occasion, martelant une prose vaudoue chancelant entre rock’n’roll minimaliste et disco-punk. Joujou cherche à retrouver une danse libre, à quatre pattes comme sur un pied. A force de riffs simples, de boucles et de tambours martelés, de cris et d’incantations improvisés, ce duo réveille le primitv’ dance floor qui est en nous.