Le blog des spectateurs est une invitation faite au public du festival. Tentative d’expression d’un regard. Tentative pour donner forme à une émotion. Essai pour préciser, dire, ce que nous fait un spectacle, ce qu’il reste de lui en nous. La manière dont un spectacle continue d’agir en soi, la manière dont il transforme notre regard. Tentative pour approcher un spectacle. Par le détail, un mouvement, une musique, une couleur … Pas nécessairement ce que raconte une pièce mais ce qu’elle fait.

D’abord un son, puis un autre, et enfin une musique, qui pousse peu à peu, vers un autre monde, un monde qui vous prend, qui vous emmène ailleurs, dans des terres où même l’inconnue ne fait plus peur …
Lors de ce spectacle j’ai rêvé, je me suis vue à travers ce corps, ce corps bloqué entre deux cultures, qui se perd et se retrouve, ce corps qui s’inonde de tout ce qui l’anime pour donner ce qu’il est, à lui mais aussi au reste du monde.
Lorsque, entre deux faisceaux de lumière, la tradition affronte la nouveauté, seul un homme peut faire la part des choses, du murmure de ses lèvres il peut enfin aspirer à une forme d’harmonie, un échange qui se transforme en combat, oui cet homme là s’est battu tout au long de ces 40 minutes de spectacle, il nous a montré que la flemme est toujours là, qu’elle enflamme son cœur, et personnellement j’ai été emportée dans sa torpeur, dans son envie de vivre pour ce qu’il est et ce qu’il représente …
Quand il rentre dans une transe infinie, les yeux fermés, j’ai eu envie de pleurer, de pleurer tout ces êtres, de pleurer mon être, qui lui aussi se fend entre ce passé et ce futur, qui créé l’humanité.
Oui c’est bien l’humanité qui suit chacun de ses pas, de ses mouvements, et qui, poussé par ses gestes, s’incruste dans chacun de nos corps.
On se pousse à croire que l’on appartient à notre génération, mais c’est imbibé des couleurs d’antan que l’on se forme et que l’on se comprend, et pourtant, le lien se détruit et plus personne ne cherche, à savoir le pourquoi, à savoir le comment….
Mais cherchons donc au plus profond de nos corps, ce qui un jour a été et ce qui sera demain, ce qui nous permet de danser et de se perdre en chemin … Ce qui nous fait respirer, et ce qui nous détruit à la fin …
Voilà tous ces mots qui ne veulent pas dire grand chose, qui s’imaginent définir ce que l’être peut être mais qui s’arrête au simple son d’une voix, je préfère, du moins dans l’idée, ce langage du corps, si particulier, où l’instinct est seul juge, et seul perturbateur …
Je me suis beaucoup sentie vivre, et lui aussi je l’ai beaucoup senti vivre.

Nawell Pedraza