A propos de Coup Fatal (Serge Kakudji, Rodriguez Vangama, Alain Platel, Fabrizio Cassol). Théâtre la Criée, 16 juillet 2016

Un coup fatal à toutes nos idées reçues : voici un spectacle assez inclassable, qui mélange les genres artistiques, les époques musicales, les styles, les langues et qui nous fait du bien, dans ces jours obscurs. Ce sont les instruments de musique qui arrivent en premier, presque une conversation entre guitare électrique et likembe amplifié et qui resteront les maitres indiscutables de la scène : balafons, xylophones, percussions, calebasses et la voix. Serge Kikudji, contre-ténor, et les musiciens et danseurs de Kinshasa font voyager entre airs d’opéra baroque mariés à la rumba congolaise, au rock, à la soul. Les rythmes sont irrésistibles et c’est vraiment dommage de rester assis sur les chaises, heureusement qu’ils nous donneront une autre chance de les voir sur scène en plein air (le 19 juillet au théâtre Sylvain) ! Alors on profite pour ne pas perdre des yeux le jeu sur scène : de droite a gauche, devant et derrière se passe quelque chose, ils se cachent derrière des rideaux faits de douilles, montent sur les chaises en plastique typiques des terrasses de bar, ils nous regardent drôlement et ils vient vers nous pour inviter à danser quelque chanceuse spectatrice. Et puis on parle de mort, de vie, de politique, de violence, d’amour et aussi de style ! Oui parce que, quittés pour un moment les instruments, ils reviennent sur scène en défilé de Sapeurs excentriques, chacun avec ses couleurs et accessoires, toujours élégants, rayonnants : to be young, gifted and black, comme disait Miss Simone, c’est pour nous rappeler que nous pouvons l’être aussi, fraternellement. Serge Kikudji et compagnie nous quittent, larmes aux yeux, avec une air de Händel, et c’est thérapeutique…

lascia ch’io pianga

mia cruda sorte,

e che sospiri

la libertà.