Olivia Nashara est une de nos correspondantes. Elle est installée depuis quelques années à Beyrouth, où elle mène de fronts plusieurs projets autour du journalisme. Ici, elle nous propose un diaporama autour du street-art dans Ashrafieh, le quartier chrétien de la capitale libanaise. Et c’est toujours mieux quand c’est sa plume qui nous le présente. Elle nous a également transmis un son d’ambiance du quartier. Immersion.
« Oasis sur mer pour les Arabes, la ville est, pour les Occidentaux, l’Arabie la plus familière. L’exotisme en version minimaliste, l’aventure dans le luxe ou son pastiche , l’Orient compliqué dans le confort des langues et des usages. Toutes les levantineries qui horripilaient naguère le colonel Lawrence, en quête de « purs » Arabes, se conjuguent pour faire de Beyrouth une escale commode sur le chemin du dépaysement, et plus souvent le décor d’un entredeux assez éloigné pour figurer le Voyage et suf isamment plaisant pour dissuader de le poursuivre plus avant. »
Samir Kassir, Histoire de Beyrouth.
Entre urbanisme sauvage et gentrification décomplexée, Beyrouth semble être restée à michemin entre l’Orient et l’Occident. Mais, à l’instar de ces consœurs arabes, les rues de la capitale libanaise évoluent également au rythme de graffeurs. L’usage est principalement aux pochoirs. Mettons immédiatement de côté le phénomène de récupération commerciale qui, comme n’importe quelle dynamique mainstream, tente d’absorber toute culture underground à son profit. Reste alors des murs décorés, voire pour certains pans littéralement recouverts, par des peintures à caractère esthétique ou politique. Abordée parfois avec humour, parfois avec gravité, ces graffs sont biensouvent l’expression de ce qui tiraille la société libanaise. Voici quelques photos prises dans les principaux axes de Mar Mikhael et Gemmayze dans le quartier d’Ashrafieh.
Note de l’auteure : les pochoirs d’appartenance à des partis politiques, particulièrement dans ce quartier chrétien à tendance phalangiste, ont volontairement été occultés.