Elle ne serait pas un peu trop loin, l’image de Marseille, capitale de l’Orient ? Se balader sur les internets est souvent synonyme de perte totale d’espoir dans l’humanité. On a le fil d’actualité qu’on mérite, vous me direz. Petit tour d’horizon, avec de l’espoir dans le texte et dans les ondes. 

tumblr_nh4yo2rboC1rubs41o1_500On apprend qu’à la frontière orientale de l’Europe, Victor Orbán, premier ministre hongrois, visiblement jamais avare de jolies métaphores, aime à prendre Marseille en exemple pour galvaniser sa haine de l’étranger et du réfugié. Un passage cité par un autre champion, Mr Alain Finkielkraut, remarqué et traduit par Marsactu et la Nouvelle Société Marseillaise de Marseillologie.

« Imaginons qu’un parti de gauche ait mis en place un gouvernement en 2014, en 1 ou 2 ans on ne reconnaîtrait plus notre patrie (…), on ne reconnaîtrait plus la Hongrie, on serait comme un grand camp de réfugiés, une sorte de Marseille d’Europe centrale. »

Hmm. De la classe, du bon goût, et de la tolérance pour ce grand démocrate toujours prêt à grignoter les libertés individuelles de son propre peuple. Le problème, entre nous, c’est que nous sommes de moins en moins surpris par ce gâchis verbal, cette invocation de l’inutilité au mépris de tout bon sens et d’ouverture d’esprit.

Marseille, tout n’est pas si sombre.

Mais avançons. En rentrant d’une balade beaucoup trop matinale le nez dans la Méditerranée, l’idée m’est revenue de collecter deux trois choses, de reprendre ce rythme des revues de presse que nous (moi) avions malheureusement que trop délaissé. Pourra-t-on tenir un rythme hebdomadaire ? A voir. A entendre. A écrire. A faire résonner Marseille avec nos correspondants méditerranéens, de l’Algérie au Liban. Mais il s’agissait aujourd’hui ce que l’on pouvait voir, entendre, écrire dans les médias marseillais autour des réfugiés. Pas le dénigrement politique, même si – j’insiste – certaines choses se font, un peu. Même si les associations (Cimade, le Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s, les Amoureux au ban public et l’Association de juristes pour la reconnaissances des droits fondamentaux des immigrés) dénoncent depuis 2013 devant le tribunal administratif une attitude indigne de la part de l’Etat (qui est en charge de l’accueil des réfugiés) et, de fait, de la préfecture des Bouches du Rhône, comme l’a rapporté mi-septembre Libération. Les autorités et les associations sont débordées, la Plate-Forme Asile (près du Cours julien) a même du fermer quelques jours…

Non, tout n’est pas si sombre. Mais ça reste le bordel, si vous me permettez l’expression. Le document ci-dessous (téléchargeable ici, et traduit en arabe là, avec illustrations) recense la/les procédure(s) qu’une personne doit suivre pour demander l’asile en France.

Des mouvements de solidarité, il y en a. Et pas seulement venant des associations engagées depuis très longtemps sur le terrain. Spontanément, des groupes se forment, accueillent, se coordonnent, récupèrent vêtements et produits de première nécessité pour les plus démunis. PLus d’infos Un nouvel exemple : c’était peu après la mi-octobre 2015. Un ancien garage désaffecté pour permettre de loger des réfugiés, d’accompagner leur accueil, de mettre en place un réseau de solidarité (avec le soutien du collectif Migrants 13) dans ce « seul endroit [qu’ils aient] ».

Devenu le Manba (« source » en soudanais), ce lieu vient contester les entraves à la liberté de circulation et d’installation, préférant participer à la construction d’un vivre-ensemble de toute façon inéluctable, de manière riche et solidaire. (extrait du tract, rapporté sur Marseille Infos Autonomes)

La Télé associative Primitivi était sur place et nous a rapporté ces belles huit minutes en vidéo.


Radio Grenouille a également sorti ses micros sur place. Naoual et Nelly ont rencontré Maawya, réfugiée du Darfour (Soudan). Histoire terrible, traduite ici. D’autres histoires se retrouveront consignés sur une page dédiée (à suivre).

 

slack-night1Déplaçons-nous un peu vers l’Est. Toujours chez Radio Grenouille, la troupe de l’émission mensuelle Ca vient pas de nul part est partie durant le mois de septembre « entre Vintimille et Menton, entre la Riviera et la Côte d’Azur, entre l’Italie et la France » pour un reportage édifiant entrecoupé d’un entretien avec l’historien Yvan Gastaut autour des origines de cette frontière et des réfugiés bloqués, honnis et aujourd’hui chassés (Reportage de Louise Fessard – Mediapart). Accompagnée de croquis réalisés par Domizia Tosatto (Flickr/Blog), l’émission (30′) est à réécouter (et à partager) : Menton-Vintimille, histoire d’une frontière et de ses migrants.

 

Cette frontière a également donné lieu à un excellent reportage du Ravi (on ne le répètera jamais assez : soutenons le Ravi). « Ceux qui migrent prendront le train « . Constat terrifiant des journalistes sur place, des contrôles au faciès, des arrestations, des désillusions. Et ces propos recueillis auprès d’un CRS…

Je suis rentré dans la police pour arrêter des « méchants », et non pour interpeller des gens qui veulent vivre une vie meilleure. Mais il y a pas mal de racisme dans mon métier et y’en a certains que ça fait vibrer de faire ça. (…) Ils ne fuient pas en nous voyant, ils ont compris qu’on ne servait à rien, qu’on est juste là pour les ralentir. Le contrôle se fait 100 % au faciès. Si le gars est noir, qu’il est mal sapé et qu’il ne parle pas français, il est foutu.

Retour sur Marseille. Retour de Marsactu, pour le moment en accès libre (et qu’il faudra également soutenir). La journaliste Lisa Castelly, auteure du remarquable blog Migrants of Marseille (dont nous avions parlé sur Vues sur Mer) signe cette rencontre avec la famille A., ayant fui la Syrie puis la Jordanie voilà plus d’un an. « Des ruines de Damas au Pôle Emploi du 3e » : tout est dans le titre pour cette rencontre pleine d’humanité. « Trouver sa place », ne pas être regardé de travers. Etre respecté, comme nous voudrions l’être si nous étions à leur place. Le malheur des uns ne fait pas le bonheur des autres…

C’est peu ou prou à cette conclusion que nous étions arrivés avec Radio SouriaLi lors de notre émission mensuelle Côte à Côte d’Octobre ’15. Nous vous invitons à l’écouter, à la partager… Dans l’article de l’émission sont consignés plusieurs adresses utiles à qui veut aider, accompagner, se renseigner.

Ce n’est qu’un début, cette histoire de revue de presse. Informons-nous, et enfin agissons.