A propos du concert au Théâtre Silvain
La Caravane du Festival au Désert
Ali Farka Touré Band, Afel Bocoum, Terakaft, Justin Adams, 1e partie : MaClick
S. est à nouveau à Marseille et comme l’année dernière on se prépare à la soirée-concert que le Festival de Marseille organise au Théâtre Sylvain. Cette nuit, c’est aussi la clôture du très beau festival Africa Fête, complice de la réalisation du programme, qui s’affiche comme la première visite française du Festival au Désert. La band du guitariste malien Ali Farka Touré débarque à Marseille en compagnie des touaregs Terakaft et du guitariste rock Justin Adams ! Avec S. (et son accompagnateur aux allures d’un Alan Vega) on est aux starting block déjà depuis l’après-midi, pour une rencontre sur le thème de la création artistique en Afrique au Théâtre des Bernardines, quartier général du festival. Avec des artistes, écrivains et professionnels de la musique, on y parle d’économie culturelle, de censure, de décolonisation des politiques culturelles mais aussi d’une idée (des idées) d’Afrique, cette chose qui ne se résume pas à une géographie, à un seul territoire mais au contraire en traverse plusieurs, réels ou imaginés, incorporés. Avec S. et son ami on regarde les bouquins : Felwine Sarr, Achille Mbembe pour l’actualité, Appadurai, Bensa, Fassin, pour des classiques des sciences sociales… et puis on parle de cinéma, je viens de voir Felicité d’Alain Gomis, j’ai envie de voir les Kansai All Stars, « Alan Vega » les connais, tiens il y a Victor d’Africa Fête, je vais le saluer, ok on se donne rdv sur la Corniche alors ! Moi et J. on arrive un peu en retard, Terakaft est en train de jouer avec Justin Adams, quelque seconde et on est déjà entrés dans le monde de la guitare rock, de la distorsion, de l’hypnose. Des cavalcades électriques, la poussière se lève, un photographe monte sur scène, on se retrouve avec S. et compagnie, on entre dans la poussière et on se sent bien ! Le temps passe si vite, Afel Bocoum (neveu d’Ali Farka Touré) est déjà sur scène avec ses musiciens et ses premières notes sont si familières ! Ce disque j’ai dû l’écouter jusqu’à l’usure, comment il s’appelle déjà…In the Heart of The Moon ! Mais oui on y est en effet, elle est pleine au-dessus de nos têtes la lune, et c’est de là qui partent ces blues qui coulent parmi nous, doux, qui nous bercent, et oui S. on est encore là, cette fois encore et ça nous rend complices et ça nous fait rire parce que ce temps n’existe pas en vrai. Les surprises ne tardent pas, Cheikh Tidiane Seck et Rokia Traoré rejoignent sur scène le groupe armés de clavier rock prog et voix puissante, on sent le grand finale et la sensibilité de notre peau et nos oreilles confirme qu’on ne se trompe pas, c’est la beauté donnée, qui arrache les sourires du plaisir découte. Mais c’est trop tôt pour la fin ! On retrouve des amis dans la foule, on fait les présentations, un mot tire l’autre et notre petite caravane se forme, on se met doucement en marche vers la sortie, toujours parlant de musique et des moyens de rentrer en centre-ville. Mais, à l’arrêt, le chauffeur du bus déjà plein ne veut pas en savoir de notre caravane et nous laisse décider autrement de notre sort… comme l’année dernière, S. sait que on ira marcher, remonter la corniche entre mer et bâtiments, regarder les gens dans les restos en bas, regarder les lumières au large, parler de la musique, imaginer des voyages, donner des nouvelles des derniers amours. La boule blanche toujours haute, on se sépare après quelques verres et un peu de danse électrique à l’after dj set, sans besoin de nous dire ce qu’on sait, que la caravane partira dans ses diverses directions pour se retrouver encore là, dans la musique et les rencontres, dans les pas illuminés par la lune de juillet.
par Luigia Parlati