A propos de Samedi détente de Dorothée Munyaneza

75 minutes sont peut-être trop courtes pour raconter l’horreur de 100 jours, ou peut-être trop longues pour supporter la vérité de l’histoire et s’y confronter.
4 corps sur scène, 3 voix.
Les uns et les autres rythmés par les coups de machette, les coups de poings contre une table de fer, les pieds qui tapent le sol, mais surtout rythmés par la voix de Dorothée Munyaneza qui dit l’indicible, la tragédie de son enfance, ce que ses yeux encore juvéniles de petite fille de 12 ans ont vu.

Elle scande le nom de ceux qu’elle veut faire vivre par la mémoire et qui sembleraient être tapis, cachés, dans un recoin sombre de la scène.
Samedi Détente, c’est une émission de Radio. C’est ce qui vient d’ailleurs, et qui apporte de la vie au milieu de ces longs mois d’atrocités perpétuées.
C’est aussi 75 minutes d’une incroyable justesse et sans misérabilisme, altérées d’acmés oppressantes, ramenées à la vie par la danse et le chant.
Le 6 avril 1994, je n’étais pas née, mais je me souviendrai du génocide qui, l’année de ma naissance, aura fait le plus de morts en si peu de temps.

Alice Purgu