« La musique continue, même quand le piano s’arrête… »
Entretien avec le chorégraphe Daniel Linehan à propos de son Sacre du Printemps, donné les 6 et 7 juillet au Ballet National de Marseille.
Les mots clefs de l’entretien : musique, énergie, proximité, rythme, groupe, relations, corps, écriture musicale.
Un sacre du Printemps
- > lun 06 juillet 21 h – Grand Studio du Ballet National de Marseille
- > mar 07 juillet 21 h – Grand Studio du Ballet National de Marseille
Le Sacre du printemps, sous-titré Tableaux de la Russie païenne en deux parties, est un ballet composé par Igor Stravinski et chorégraphié originellement par Vaslav Nijinski pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev. Sa création au Théâtre des Champs-Élysées à Paris, le 29 mai 1913, a provoqué un scandale artistique. Dans Le Sacre, Stravinski approfondit les éléments déjà expérimentés avec ses deux premiers ballets, L’Oiseau de feu et Petrouchka, soit le rythme et l’harmonie. L’un est constitué d’un dynamisme sans précédent, alors que l’autre repose en partie sur l’utilisation d’agrégats sonores. On considère aujourd’hui la partition de Stravinski comme une des œuvres les plus importantes du XXe siècle, qui a inspiré de nombreux chorégraphes tels que Maurice Béjart, Pina Bausch, Jean-Claude Gallotta, Angelin Preljocaj, Martha Graham, Uwe Scholz ou Emanuel Gat, qui en donneront leurs propres versions. Dans cette œuvre de rupture, contrairement aux précédents compositeurs russes qui acceptaient les techniques symphoniques allemandes, Stravinski a utilisé des méthodes complètement « antisymphoniques », avec des éléments non développés. Des blocs de contraste séparés sont juxtaposés comme une mosaïque, et les mouvements accumulent des lignes individuelles et des images rythmiques pour générer un crescendo de son et d’activité. Chacune des deux parties commence par une musique lente et calme, puis finit par une explosion. Les rythmes sont soit répétitifs, sur des ostinatos statiques, soit très dynamiques, avec des accents sans cesse déplacés (à tel point que le compositeur lui-même savait jouer la Danse sacrale mais ne savait pas la retranscrire). De plus, bien qu’il ait dit n’en avoir utilisé qu’une seule pour toute l’œuvre (la mélodie d’ouverture du basson, lituanienne), il a transformé une douzaine de mélodies slaves provenant des anciennes festivités pour Le Sacre du printemps. Certaines d’entre elles étaient d’ailleurs éditées par son professeur, Rimsky-Korsakov. Aucune n’est à l’état brut, elles sont toutes transformées. La manière avec laquelle Stravinski a basé sa musique complexe sur de tels matériaux bruts est une manifestation extrême de la tradition nationale de laquelle il est issu.