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Est-ce cela le théâtre documentaire ? Un spectacle basé sur le récit d’un missionnaire ayant passé 50 ans de sa vie au Congo.
Un homme arrive, claudiquant, voûté, s’installe debout devant un pupitre et un micro, regarde la salle qu’il salue et la conférence commence.
Il raconte. L’histoire de sa foi, du Congo, de sa vie. Il se raconte et les récits s’entremêlent, le privé, le religieux, l’histoire du Congo, ses guerres, ses superstitions…
il a été invité à nous parler, nous spectateurs, de sa vie de missionnaire… Il feuillette sans jamais le lire un fascicule, sans doute le texte de sa conférence, mais c’est en lui qu’il va chercher ses mots, ses souvenirs qu’il feuillette au creux de sa mémoire, qu’il déroule comme la bobine sensible de sa pensée… d’une anecdote personnelle à une scène de meurtre, du rire aux larmes, la salle écoute, absorbe son récit, répond à ses questions… rit, se tait… Le long silence « palpable » comme on dit après l’évocation d’une scène atroce emplit l’espace du grand plateau, puis le retour au quotidien, à la foi… Quelques coups de griffes contre les « humanitaires »qui viennent en touriste, la colère contre les dictateurs, les sorciers. la salle s’esclaffe toujours de temps en temps mais c’est la gravité qui nous étreint, au fur à mesure que nous recevons ses histoires…
Un petit regret sur une fin trop (?) « théâtrale », avec l’apparition d’un décor, – une salle vide avec des chaises en plastique, d’accessoires, deux animaux empaillés, – pour un tableau final esthétiquement très beau certes mais qui soudain nous éloigne de l’homme, qui nous a confié des bribes de sa vie et qui redevient un personnage puis un acteur qui quitte peu à peu la peau de son rôle.
Voilà, le théâtre nous rappelle que l’homme devant nous est un acteur, qu’il a « joué » ce missionnaire, que le théâtre, ce sont aussi des images, que la pluie qui tombe sur scène est aussi un artifice, mais c’est aussi par ce « faire semblant » que l’émotion passe, l’émotion et la transmission d’une histoire et celle de crimes à ne pas oublier…
Voilà, la lumière illumine la salle, on découvre l’acteur, redressé, souriant qui reçoit nos applaudissements nourris, longuement, et ils sont mérités. Magnifique spectacle, magnifique interprétation. La catharsis a eu lieu, et, de la scène à la salle, le théâtre a empli sa fonction, de tout son pouvoir.
Catherine Ricoul
Mission
David Van Reybrouck, Raven Ruëll & Bruno Vanden Broecke – KVS
> mar 23 juin21 h – Friche la Belle de Mai Grand Plateau
> mer 24 juin21 h – Friche la Belle de Mai Grand Plateau