Rencontre avec Jan Goossens, directeur depuis 15 ans et ce jusqu’en juin 2016 du KVS, le Théâtre Royal Flamand de Bruxelles, et qui succédera à Apolline Quintrand à la tête du Festival de Marseille.
« Je serais toujours un résistant » nous dit celui qui a contribué à ressusciter un théâtre moribond en encourageant la création d’un répertoire contemporain flamand, en l’ouvrant au monde et à la francophonie.
Preuve en est avec cette « Mission », présentée les 23 et 24 juin 2015 à la Friche de la Belle de Mai. D’une dizaine d’entretiens réalisés avec des missionnaires installés depuis dans des années au Congo Belge (jusqu’en 1960 donc, et en République Démocratique du Congo par la suite), l’auteur David Van Reybrouck en a tiré une plongée impressionnante dans la mémoire coloniale et sociale de la Belgique contemporaine. Un monologue passionnant, brillament interprété par Bruno Vanden Broecke et mis en scène par Raven Ruëll, où se croisent les souvenirs, le sarcasme et les destins de ces personnes partis souvent à l’aube de l’âge adulte.
Reste pour Jan Goossens à s’adapter et à ressentir Marseille et ses cultures, comme il l’a fait avec Brio avec la capitale européenne, remettant toujours en question la complexité des identités. Proposant depuis 5 ans des spectacles au Festival de Marseille, il peut commencer à apprécier son territoire. On lui souhaite la bienvenue ; et le rendez-vous est déjà pris, début octobre 2015, pour nous parler de son projet artistique. A suivre donc.
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Mission
David Van Reybrouck, Raven Ruëll & Bruno Vanden Broecke – KVS
> mar 23 juin21 h – Friche la Belle de Mai Grand Plateau
> mer 24 juin21 h – Friche la Belle de Mai Grand Plateau
Bouleversant portrait d’un missionnaire belge au Congo, Mission aborde l’ère post-coloniale du point de vue de la foi et pose la question des absolus et de leurs dangers.
La pièce traque les survivances du colonialisme jusque dans ses plaies ouvertes en libérant la parole. Elle prolonge la pensée d’un humanisme fondé « sur le partage de ce qui nous différencie, en deçà des absolus.»
Mais qu’en est-il de cet en deçà en 2015 ? Une réplique du père André, magistralement interprété par Bruno Vanden Broecke, agit comme une secousse intellectuelle : « chaque jour, je comprends de moins en moins les viols, les ténèbres, l’angoisse.» Elle pose la question de ce que les hommes peuvent faire au nom de Dieu au xxie siècle. Et rappelle les valeurs communes du KVS et du Festival de Marseille pour qui, ainsi que le souligne Raven Ruëll, metteur en scène de la pièce, « L’Art doit toujours garder cette ambition : avoir la force de dire ce qui ne peut se formuler d’aucune autre manière.»
Création 2007
Texte : David Van Reybrouck
Traduction en français : Monique Nagielkopf
Mise en scène : Raven Ruëll
Dramaturgie : Ivo Kuyl
Interprétation : Bruno Vanden Broecke
Scénographie : Leo de Nijs
Création lumière : Johan Vonk
Régisseurs : Lieven Symaeys, Donald Berlanger
Lumière : Marc De Boelpaep
Son : Dimi Joly.