Le vrai problème de la réforme de la pensée, c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier.
Edgar Morin
À l’image de sa ville, cité de toutes les diversités qui fait de l’interpénétration des cultures la condition même de son existence, le Festival de Marseille a réussi à s’imposer parmi les grandes manifestations estivales en faisant de la transdisciplinarité un trait fondamental de son caractère.
Pour Apolline Quintrand, directrice-fondatrice de la manifestation : « Il a toujours été plus intéressant de tester la multiplicité, l’éclatement, que de s’enfermer dans l’uniformité ou la synthèse. »
Voyageur, découvreur, compagnon de route, le Festival a donc volontairement choisi « d’éviter le danger des choses pures » en privilégiant l’art vivant et pluriel comme la « quête d’une compréhension universelle […] caractérisée par un effort pour comprendre harmonieusement les aspects toujours plus vastes de notre situation dans le monde1. »
Voilà pourquoi ces vingt dernières années, le Festival a privilégié les œuvres qui font émerger des formes nouvelles en invitant des artistes qui mettent à mal les notions de genres, de classifications, qui imaginent d’autres manières de vivre ensemble.
Car la pensée complexe du Festival, cette pensée critique, créative et responsable qui tisse ensemble la vie et la culture, est avant tout une pensée politique. Une pensée qui, sans relâche, cherche à relier les êtres en magnifiant leurs différences. Une pensée vigie, à l’image de sa ville-port, point cardinal de la rencontre Nord/Sud, qui nous apprend que revenir à soi, c’est toujours, d’abord et surtout ne jamais s’interdire des détours magiques par les autres.
Francis Cossu
1 – Niels Bohr, Physique atomique et connaissance humaine, Paris, Gallimard, 1991, p. 249-273.