Marseille, Chicago hexagonal où les « caïds des cités » font régner la loi à coup de kalach? Nombreux sont les médias qui ces dernières années n’ont pas hésité à relayer ce cliché exotique, accréditant la thèse d’un particularisme marseillais, presque d’un gène, en matière de crime.
A rebours de cette approche simpliste, le journaliste Philippe Pujol a enquêté, dix années durant, sur l’économie générée par le trafic de stupéfiants dans les quartiers Nord de la ville. Rencontrant la population (des guetteurs aux « grands » en passant par les « nourrices » contraintes et tous ceux passés par la case prison), donnant la parole aux policiers, interrogeant des chercheurs et des militants, il dresse le tableau d’un « capitalisme de paria » dur et violent, en partie issue de la désindustrialisation du Port et de la ville.
Réduisant en miette le mythe de l’irruption spontanée de petits Scarface méditerranéens, son travail montre la violence sociale d’un système quasi intégré à la politique de la ville.
Rassemblés dans un ouvrage intitulé French deconnection au coeur des trafics (Robert Laffont, 2014), ces articles, publiés ces dernières années dans le quotidien régional La Marseillaise, ont valu à leur auteur d’obtenir en 2014 le prix Albert Londres.