Ce mois-ci, nous parlons Afrique, colonialisme, révolution, mais aussi quartiers populaires et immigration postcoloniale en France. Critiques reçoit Saïd Bouamama, sociologue, militant associatif, figure du mouvement de l’immigration et des quartiers en France. Auteur de nombreux ouvrages autour des questions de domination, de racisme, d’immigration, il vient de publier un essai intitulé Figures de la révolution africaine, de Kenyatta à Sankara, (Zones/La Découverte, 2014) .
Dans cet ouvrage, l’auteur remet en lumière la pensée et l’action de quelques personnalités marquantes des luttes pour la libération et l’émancipation qui se sont déroulées en Afrique dans la seconde moitié du XXe siècle. Non pas en Afrique mais autour de l’Afrique, en réalité. Car Bouamama nous propose une Afrique élargie: du Maghreb (avec Mehdi Ben Barka) à l’Afrique lusophone (avec Amilcar Cabral) en passant par la façade australe du continent (avec Jomo Kenyatta) et qui file aux Antilles (Césaire, Fanon) et jusqu’aux Etats-Unis (Malcom X).
Ces figures-là et quelques autres, Bouamama les insère dans trois périodes distinctes. La première va de 1945 à 1954, c’est celle où les peuples vont avoir à faire un choix radical dans le traitement du colonialisme: le réformer ou l’abattre.
La seconde s’étend de 1954 à 1962 et se présente comme une séquence ambivalente: à la fois marquée par la violence coloniale qui va s’exercer à plein notamment en Algérie mais aussi par l’espoir que vont soulever trois évènements successifs, la victoire de Dien Bien Phu en 1954, la conférence de Bandoeng en 1955 et la nationalisation du canal de Suez en 1956. Le temps du questionnement est derrière, le colonialisme a tombé les masques et le droit de légitime violence des opprimés peut s’exprimer.
La dernière, l’auteur la situe de 1962 à 1975, ce moment post-indépendance, marqué notamment par la tenue de la tricontinentale à Cuba. Une décennie où l’on bascule de l’anticolonialisme à l’antiimpérialisme tandis que Moscou et Washington se livre des guerres par procuration dans ce que l’on appelle encore le Tiers-monde.
Pourquoi ce séquençage, pourquoi ces hommes, pourquoi uniquement des hommes d’ailleurs? Quel est leur héritage et que faut-il et que peut-on en faire ici, là-bas et maintenant? Ce sont quelques unes des questions dont nous débattons avec Saïd Bouamama.
Les + de Critiques
Bonus
Le blog de Saïd Bouamama
Références citées au cours de l’émission et parutions récentes:
Pour la révolution africaine (La Découverte, 1964) et L’an V de la révolution algérienne (La Découverte, 1959) de Frantz Fanon.
Tricontinentale, quand Che Guevara, Ben Barka, Cabral, Castro et Hô Chi Minh préparaient la révolution mondiale (1964-1968), de Roger Faligot (La Découverte, 2013).
Africa unite, une histoire du panafricanisme, de Amzat Boukhari-Yabara (La Découverte, 2014).