Mes nonettes, le départ

Nicolas  Hans Martin

photo : Nicolas Hans Martin

Ma rue devient folle,
après 175 ans passés au couvent de la rue Levat, Belle de mai, les 21 religieuses victimes du sacré cœur de Jésus, malgré leur promesse d’y vivre cloîtrées pour la vie et l’éternité de la mort ensuite, ont pris la poudre d’escampette.
Pourquoi ?
Certaines d’entre elles n’avaient pas quitté les murs de l’enceinte depuis plus de 50 ans.
Et les voilà, rue Jobin, arrêt de bus de LaFriche/Belle de mai, les voilà qui embarquent dans ce car, direction la Vendée.
Elles me quittent,
Elles quittent ma vie, ma rue, mon quartier.
Même les mortes ont été déterrées. Tout le monde s’en va.
Pourquoi ?
Je couve le couvent depuis 4 ans, je n’ai jamais fait que les apercevoir depuis mon 4ème étage, mais leur voisinage m’était doux, je m’étais arrogée leur empathie, je les avais faites miennes, elles étaient « mes nonettes »
Elles avaient juré, craché, de vivre et de mourir ici. Alors pourquoi ?

Magali