Le Théâtre de La Criée et Radio Grenouille ont proposé aux internautes d’inventer une fable à partir de la phrase « L’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête ». Nous en avons reçu sept que nous publions chaque jour. 

C’était juste lui, un oiseau, un oiseau rieur, jaune ou gris, au gré de ses envies. Il portait sur ses plumes tous les voyages aériens qui ont construit sa vie d’oiseau, toutes les lunes, tous les soleils, tous les vents sablés et sucrés, tous les miroirs d’eaux grisées, reflétant les douceurs ou froideurs de la Terre.
C’était juste lui, on le vit passer, il frayait son chemin au travers des nuages du temps, il revenait de loin, enclin à nous conter sa route exquise, chahutée, onirique, virevoltée. Il a rencontré le chaud, puis le froid, puis le beau, puis la peine. Il s’est encanaillé d’autres oiseaux, les mêmes que lui, mais aussi d’autres, ceux qui sont différents, ils ont essayé de se comprendre. Pas le même langage d’oiseau mais les mêmes espaces, les mêmes horizons, le même air en partage.
C’est ça un oiseau. C’est comme un homme, un peu plus libre sans doute. Lui il ne savait peut-être pas où il allait, peut-être pas ce qu’il aller y vivre. Mais ce qu’il savait c’était d’où il venait, c’était ses racines, c’était sa force de vie, et ça l’a porté ça, tout le temps, partout. A jamais.
Car cet oiseau-là, il avait enterré sa mère dans sa tête.

Géraldine AMAR